Les 30 janvier dernier, les Britanniques ont célébré solennellement le cinquantième anniversaire de la mort du « Vieux Lion », Winston Churchill, qui s’est éteint à Londres le 23 janvier 1965 à l’âge de 90 ans. « Ce jour-là, c’est l’Empire britannique qui est mort avec lui », écrivit le quotidien Daily Telegraph, signe de l’empreinte considérable que l’ancien Premier Ministre et chef de guerre a laissé sur ses compatriotes, lui qui défia Hitler et dont le courage, l’audace et la pugnacité sont encore cités en exemple dans le monde entier. Des funérailles nationales sont organisées le 30 janvier 1965, en présence de la jeune reine Elizabeth II. Retransmise en direct à la télévision, la cérémonie est suivie par 350 millions de personnes à travers le monde. Fastueuse et solennelle, elle témoignait de l’importance historique de cet homme connu pour son caractère impétueux, ses cigares et son chapeau melon.
UN ANNIVERSAIRE INCONTOURNABLE
Pour le cinquantième anniversaire de sa mort, des célébrations sont organisées tout au long de l’année au Royaume-Uni avec, en point culminant, le vendredi 30 janvier, une procession funéraire de grande ampleur à travers Londres sur la Tamise, comme en 1965, lorsque la dépouille de Sir Winston Leonard Spencer Churchill fut convoyée sur le Havengore, une barge de 26 mètres. Le passage de l’embarcation a été salué au son des canons du HMS Belfast, navire de guerre transformé en musée, tandis qu’une cérémonie s’est déroulée devant le palais de Westminster, la résidence du Parlement. Dans son discours, le Premier Ministre britannique David Cameron a déclaré : « Un demi-siècle après sa mort, Winston Churchill continue d’inspirer le pays dont il a préservé la liberté, mais aussi le monde entier ».
UN HÉROS À PLUSIEURS FACETTES
Churchill n’a pourtant pas toujours été considéré comme un héros national. Ses choix étaient même parfois catastrophiques. Son échec le plus retentissant reste probablement la désastreuse expédition des Dardanelles (février 1915 – janvier 1916) qui se solda par une déroute et 180.000 morts du côté allié. Néanmoins Churchill n’a pas manqué son rendez-vous avec l’Histoire : Premier Ministre de 1940 à 1945, il trouve l’énergie pour mobiliser derrière lui le peuple britannique à un moment où, complètement isolé, il perdait la foi et mène la Grande-Bretagne à la victoire dans la Seconde Guerre Mondiale. « Nous nous battrons sur les plages. Nous nous battrons sur les terrains de débarquement. Nous nous battrons dans les champs, et dans les rues, nous nous battrons dans les montagnes. Nous ne nous rendrons jamais », lance-t-il ainsi en juin 1940. Il est incontestablement un des britanniques les plus connu du XXe siècle.
Cet homme de mots et d’actions était également un homme de lettres, Prix Nobel de Littérature en 1953, mais aussi un peintre doué, dont les oeuvres s’arrachent aujourd’hui dans les salles des ventes. Objet d’un véritable culte depuis sa mort, Churchill est pour beaucoup de Britanniques bien davantage qu’une figure historique. Et cette « passion Churchill » a depuis longtemps dépassé les frontières britanniques car on ne compte plus les hommages aux quatre coins du monde. Y compris en France, où les élèves de l’Ecole Nationale d’Administration (ENA) ont baptisé leur promotion 2014-2015 « Winston Churchill ». Ou aux Etats-Unis, où le Congrès a inauguré en 2013 un buste en bronze du « meilleur ami » de l’Amérique, héros international et pourtant tellement « british ».
L’HOMMAGE NUMISMATIQUE
Presque immédiatement après sa mort, la Royal Mint (Monnaie britannique) a émis une grosse pièce commémorative d’une couronne en métal commun. Elle fut annoncée dès le 16 Mars 1965, juste 7 semaines après son décès. A cette date, 4 monnaies commémoratives seulement avaient été émises en Grande-Bretagne et cette pièce était tout à fait révolutionnaire par rapport aux autres car elle réunissait le portrait d’une souveraine et celui d’un homme public non issu de la famille royale. La Royal Proclamation autorisant toute nouvelle frappe de monnaie a été signée par la Reine le 3 aout 1965, et c’est Lady Churchill elle-même qui actionna, en septembre, la presse de la Royal Mint frappant cette couronne. Peu de temps après, la reine vint également assister à cette fabrication. La distribution commenca le 11 Octobre 1965 et la production fut poursuivie au même type et millésime jusqu’à l’été 1966. Même si elle ne portait pas de valeur faciale, il s’agissait bien d’une monnaie circulante d’une valeur de 5 shillings et 25 pence. En fait elle fut massivement conservée par le public et parfois transformée en bijoux, boucle de ceinture ou souvenir.
L’avers portait le premier portrait de la jeune reine Elizabeth II à droite, créé en 1953 par Mary Gillick et la légende ELIZABETH II DEI GRATIA REGINA F D 1965. Le revers montrait un portrait de trois quarts de Churchill, créé par Oscar Nemon, son sculpteur favori, semblant environné de brouillard.
Cette année, ce sont deux pièces qu’émet cet institut émetteur. Sur celle en argent et en or d’une valeur facilae de 5 £, le portrait, dû à Mark Richards, est désormais de face et la pièce semble avoir du mal à le contenir tout entier, tant l’homme était grand. Notez que, à ce jour, Churchill est le seul homme d’Etat britannique à avoir son effigie sur deux monnaies différentes. Une seconde coupure de 20 £ est également émise. Pour mémoire, sa première frappe a été réalisée en présence de son petit-fils, Randolph Churchill, à la Royal Mint.
Pour être complet, il faut signaler d’autres produits numismatiques émis pour rendre hommage à Winston Churchill. Tout d’abord, la Monnaie Autrichienne a émis une médaille en or à son effigie en 1964. Une série de médailles de vermeil a également été frappée à Londres en 1970. Enfin, la Pobjoy Mint a mis en circulation plusieurs pièces à sa mémoire pour l’île de Man en 1990 et 1995.