par Pierre Delacour
En 2013, la Banque du Canada a mis en circulation des nouveaux billets de 5 et de 10 dollars en polymère, les derniers de la série Frontières. Les travaux sur cette série ont commencé il y a dix ans, en 2005. Avant l’émission d’un billet de 20 $ commémoratif pour célébrer la longueur du règne d’Élisabeth II en septembre 2015, retour sur cette série qui a marqué l’histoire monétaire du Canada !
UN LANCEMENT TRÈS MÉDIATIQUE
Pour la première fois depuis le lancement de la série de 1954, la Banque du Canada a lancé deux coupures le même jour. Cela permet aux fabricants, aux propriétaires et aux exploitants d’appareils de traitement des billets de mettre à niveau leur équipement à un coût moindre. Depuis 2009 et au fil de l’émission des coupures de cette série, la Banque du Canada a collaboré étroitement avec les acteurs du secteur financier et de l’industrie du traitement des billets du pays pour faciliter le passage aux billets en polymère.
Deux cérémonies se sont tenues simultanément pour lancer officiellement chacune de ces nouvelles coupures. Stephen S. Poloz, le gouverneur de la Banque du Canada, a procédé au lancement du billet de 5 dollars au siège de l’Agence spatiale canadienne, à Saint-Hubert, au Québec en compagnie de Chris Hadfield, astronaute canadien à la retraite et ancien commandant de la Station spatiale internationale. L’autre événement se déroulait à la gare de train de Vancouver, où le premier sous-gouverneur de la Banque, Tiff Macklem, et le président et chef de la direction de VIA Rail Canada, Marc Laliberté, ont annoncé la mise en circulation du billet de 10 dollars.
« Ces billets sont non seulement plus sûrs, mais aussi plus verts et moins chers que ceux de la série précédente, a affirmé le premier sous-gouverneur Macklem. Le fait qu’ils dureront plus longtemps que leurs équivalents en papier et, donc, qu’ils seront imprimés en moins grand nombre, entraînera des économies se chiffrant en millions de dollars. Il y aura moins de billets produits, donc moins de billets à transporter, ce qui réduira notre impact sur l’environnement au pays. En outre, les coupures en polymère seront recyclées. »
Chris Hadfield a parlé de ce que signifiait pour lui le fait que soient illustrées des innovations canadiennes en robotique sur le nouveau billet 5 dollars. « Les images du Canadarm2 et de Dextre qui figurent sur le billet de 5 dollars me rappellent la détermination, l’ingéniosité et le dévouement de nombreuses personnes à l’Agence spatiale canadienne, dans l’industrie spatiale et dans le milieu universitaire partout au pays, a-t-il souligné. Je suis sûr que lorsque les Canadiens jetteront leurs yeux sur leur nouveau billet de 5 dollars, ces images de l’espace évoqueront en eux toutes ces qualités. »
Marc Laliberté a ajouté que VIA Rail était honorée que le train Le Canadien soit illustré sur le nouveau billet de 10 dollars. « Cela fait aujourd’hui 128 ans qu’a été posé le dernier crampon qui devait marquer l’achèvement de la construction de notre chemin de fer transcontinental, a-t-il rappelé. Il est donc tout à fait naturel que le nouveau billet de 10 dollars témoigne de l’esprit pionnier, du courage et de la détermination des Canadiens qui ont contribué à unir notre pays, dans l’espoir de nous préparer un avenir encore meilleur. » Sa construction s’est échelonnée sur de nombreuses années et a nécessité le dur labeur et le sacrifice de milliers de personnes. Il s’agissait d’un projet monumental : un exploit d’ingénierie et un symbole de l’édification de cette nation canadienne.
PETIT RAPPEL
Les thèmes de chacune des coupures de cette série sont les suivants :
# 100 $ Innovation médicale. Souligne l’apport du Canada à l’innovation dans le domaine médical (portrait : sir Robert Borden).
# 50 $ Le NGCC Amundsen, brise-glace de recherche. Met en valeur l’attachement du Canada à la recherche dans l’Arctique ainsi qu’au développement et à la protection des collectivités nordiques (portrait : sir William Lyon Mackenzie King).
# 20 $ Monument commémoratif du Canada à Vimy. Rappelle la contribution des Canadiennes et des Canadiens et les sacrifices qu’ils ont consentis durant les conflits qui ont jalonné notre histoire (portrait : Sa Majesté la reine Elizabeth II).
# 10 $ Le Canadien. Représente une grande prouesse d’ingénierie du Canada : avoir relié les frontières orientale et occidentale du pays par le plus long chemin de fer jamais construit à l’époque (portrait : sir John A. Macdonald).
# 5 $ Canadarm2 et Dextre. Symbolisent la contribution continue du Canada au programme spatial international grâce à l’innovation robotique (portrait : sir Wilfrid Laurier).
LE POLYMÈRE : UNE TECHNICITÉ PARTICULIÈRE
Si ce n’est qu’en 2011, que le Canada a commencé à imprimer une série de billets de banque sur un autre matériau que le papier, ce n’était pas son premier essai en la matière. Car, au milieu des années 1990, la Banque nationale du Canada a mis en circulation, à titre expérimental, 100 000 billets de 5 $ de la série Les oiseaux du Canada alors en cours, imprimés sur un support composé d’une feuille de polymère recouverte de papier des deux côtés, afin d’en évaluer la durabilité. Le fournisseur n’étant pas en mesure de produire le matériau en quantité suffisante, ce projet a dû être abandonné. Ces nouveaux billets de banque canadiens reposent sur un matériau à base de polypropylène bi-orienté fabriqué par la société australienne Securency International et commercialisé sous la marque Guardian. Ce support en polymère a été utilisé avec succès dans la production d’au moins une coupure dans 32 pays depuis que la banque centrale australienne en a lancé l’usage, en 1988. Mais aujourd’hui, 7 pays, en plus du Canada, sont intégralement passés à ce type de billet : l’Australie, le Vietnam, la Roumanie, la Nouvelle Guinée / Papouasie, les Bermudes, Bruneï et la Nouvelle Zélande. Les deux derniers à tenter l’aventure sont les Fidji et l’île Maurice.
Les billets canadiens en polymère présentent cependant des particularités qui les distinguent de leurs pendants étrangers. En plus des « fenêtres » dont est habituellement pourvu ce type de billets pour tirer profit de la transparence du support et de la protection qu’elle apporte, les coupures canadiennes comportent une bande holographique. Constituée d’un film métallique se présentant dans une grande zone transparente, cette bande est ornée d’images de grandes dimensions qui se caractérisent non seulement par leur brillance et leur complexité, mais aussi par des couleurs et des détails apparaissant aussi clairement au recto qu’au verso des billets. D’autre part, lorsqu’on regarde une source de lumière concentrée à travers la petite fenêtre translucide en forme de feuille d’érable, on peut voir un cercle de chiffres correspondant à la valeur de la coupure. Les éléments de sécurité traditionnels tels que les motifs de lignes fines (qui ressortent beaucoup plus nettement sur du polymère que sur du papier), ainsi que l’impression en taille-douce (procédé très ancien produisant un effet de relief distinct et perceptible au toucher) confèrent aux billets un aspect visuel et tactile exceptionnel. Ces billets renferment aussi des éléments innovants non visibles, destinés à la vérification de leur authenticité, et que seuls des appareils de traitement des espèces peuvent lire. En plus ces billets dureront plus longtemps que ceux en papier – au moins deux fois et demie plus longtemps –, ils seront par conséquent plus économiques et auront une empreinte écologique plus faible. À la fin de leur vie utile, ces nouveaux billets seront recyclés en d’autres produits.