Les fiches techniques donnent de précieux renseignements sur la monnaie, son histoire ses coutumes, ses pratiques et ses traditions… La culture numismatique est importante, elle va de pair avec la collection. Elle nous permet de pouvoir saisir toute la richesse et la profondeur de la numismatique. En ce mois de Juillet, nous allons nous intéresser à l’histoire du Piéfort, une spécificité numismatique très intéressante, toujours collectionnée de nos jours, et qui reste souvent méconnue.
© Par François BLANCHET
Le Piéfort a une histoire très ancienne puisqu’il remonte au Moyen-Age. Il s’agit d’une monnaie, identique à une pièce classique, presque en tous points : même valeur faciale, même diamètre, même effigie, même avers, même revers. La seule différence est que le Piéfort a une double épaisseur, voire une triple ou une quadruple épaisseur par rapport à la monnaie normale. Ce qui en fait une pièce particulière. Pourquoi cette différence ?
Il s’agit d’une vieille histoire, et les premiers Piéforts sont apparus au XIIe siècle, et plus précisément à la fin du règne de Philippe Auguste (1180-1223), premier Roi à avoir utilisé la monnaie comme instrument d’unification du Royaume. Les Piéforts étaient au départ des projets monétaires, offerts en cadeau aux hauts dignitaires du Royaume de France, mais tous les Piéforts n’étaient pas suivis par une émission de monnaie comme ce fut le cas par la suite. Certains d’entre eux, réalisés par les graveurs généraux, et frappés sur des flans plus épais et souvent en argent de bas titre, servaient de modèle aux graveurs de coins. Ce n’est qu’au XVIe siècle que le Piéfort, ou « Pied Fort », devient une pièce validée par le Roi de France. En fait, le Piéfort est en quelque sorte le prototype d’une nouvelle pièce de monnaie qui va être frappée, et c’est dans ce cadre qu’il est envoyé à tous les ateliers monétaires du Royaume, comme modèle de frappe. Ainsi, les graveurs de province pouvaient produire des pièces identiques à celles voulues par le graveur général. Pour que l’atelier puisse identifier cette nouvelle pièce, on lui donne alors une double épaisseur, ce qui la rend facilement identifiable.
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Une collection à part entière
Par la suite, le Piéfort est devenu un objet de collection à part entière, d’une double épaisseur par rapport à la monnaie normale. On en trouve dans tous les métaux et il s’agit réellement aujourd’hui d’une thématique de collection au même titre que les coffrets BU ou BE. Il est intéressant de noter que la Monnaie de Paris en a frappé jusque dans les années 1990, lors de la création de nouvelles pièces (en quantité plus ou moins importante), et que la France fut le seul pays au monde à continuer une telle fabrication si longtemps. Qui dit collection, dit cotation, il faut donc savoir que les piéforts ont une cotation bien établie, et que ces pièces sont considérées comme rares, même si leur cote n’atteint pas des sommets car la demande reste assez faible sur ce type de monnaies spécifiques. Sous la Ve République, quand le piéfort est devenu une collection à part entière, certaines de ces monnaies ont été frappées en grande quantité, et d’autres en volume réduit, ce qui fait leur rareté. Jusqu’en 1968, les Piéforts ont été frappés l’année de la sortie d’une monnaie, dans le même métal que celle-ci. Après cette date, leur frappe a été généralisée en métal courant, argent et or, et souvent de frappe Belle Épreuve. Il peut s’agir d’une nouvelle idée de collection, pour tous les amoureux de la numismatique…
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