Les fiches techniques donnent de précieux renseignements sur la monnaie, son histoire ses coutumes, ses pratiques et ses traditions… La culture numismatique est importante, elle va de pair avec la collection. Elle nous permet de pouvoir saisir toute la richesse et la profondeur de la numismatique. En ce mois d’août, nous allons vous raconter l’histoire particulière de l’atelier monétaire de Castelsarrasin dans le département du Tarn et Garonne (82). Cet atelier de crise situé dans le sud de la France a été utilisé pendant les deux Guerres Mondiales pour frapper les monnaies de notre pays…
© Par François BLANCHET
De nombreux ateliers monétaires ont été sollicités au cours des siècles pour frapper monnaie dans notre pays. Chaque atelier marque sa griffe par une lettre sur la monnaie (Paris : A, Rouen : B, Bordeaux : K, Marseille : MA, Lille : W, Perpignan : Q, Toulouse : M…), c’est ce que l’on appelle le différent de l’atelier, sa marque de frappe. La lettre C que vous pouvez apercevoir sur certaines monnaies à l’avers pour les unes et au revers pour les autres, correspond à l’atelier très atypique de Castelsarrasin qui fut utilisé pendant les deux Guerres Mondiales. Cet atelier, bien abrité des dangers de la guerre dans le Tarn et Garonne a frappé deux fois monnaie dans l’histoire : en 1914 (8 semaines), puis de 1943 à 1946. Pendant ces deux conflits, des ateliers ont été créés en Province pour suppléer la Monnaie de Paris, qui continuait malgré tout, ses frappes de monnaie.
En août 1914, la percée allemande en direction de la capitale pousse les autorités à évacuer en partie l’atelier monétaire de Paris menacé, pour l’installer à Castelsarrasin, loin des hostilités. Les autorités redoutent en effet un siège de la capitale, qui annihilerait alors toute production monétaire. Une partie du personnel est donc déplacée vers le sud de la France, ainsi que de nombreux équipements. A la mi-septembre, l’atelier de Castelsarrasin est opérationnel et peut démarrer son travail. Le Ministère des Finances décide alors que les monnaies qui y seront frappées devront arborer la lettre C pour les différencier de celles fabriquées à Paris. L’atelier ne connaît que huit semaines d’activités et à la mi-novembre 1914 il est fermé, la menace d’une occupation de Paris par les Allemands s’éloignant. Pendant ces huit semaines, deux pièces ont été fabriquées : les 1 Franc et 2 Francs Semeuse.
Castelsarrasin : des monnaies recherchées
Une pièce de 2 Francs 1914 C existe donc, fabriquée par l’atelier de Castelsarrasin, dont la cote varie de 45 à 350 euros en fonction de son état de conservation (461 647 exemplaires de cette monnaie ont été fabriqués). Tout comme une pièce extrêmement rare de 1 Franc 1914 C avec une cotation qui oscille entre 320 et 1500 euros (seulement 43 421 exemplaires ont été fabriqués). Vous constaterez que les pièces de Castelsarrasin sont très recherchées par les collectionneurs.
Pendant la Seconde Guerre Mondiale, l’atelier a fonctionné pendant trois années de 1943 à 1946, et son activité est beaucoup plus intense que pendant le premier conflit. Les pièces suivantes y ont été fabriquées : 10 centimes Lindauer 1945 C, 20 centimes Lindauer 1945 C, 50 centimes Bazor 1944 C, 1 Franc Bazor 1944 C, 2 Francs Bazor 1944 C, 50 centimes Morlon 1945 C, 1 Franc Morlon 1944 C, 1945 C, 2 Francs Morlon 1945 C, et 5 Francs Lavrillier (bronze-alu et aluminium) 1945 C, 1946 C. D’autres ateliers monétaires fonctionnent également en temps de conflit, comme celui de Castelsarrasin. Les monnaies sont donc fabriquées dans diverses régions du pays, comme Rouen par exemple.
L’atelier de Castelsarrasin est définitivement fermé en 1946. Au total, depuis 1914, près de 50 millions de pièces ont été fabriquées dans le Tarn et Garonne.