De son nom complet, United Nations International Children’s Emergency Fund (Fonds international de secours à l’enfance des Nations Unies), l’UNICEF a été créé il y a 75 ans, le 11 décembre 1946, pour lutter contre la faim et les maladies qui menaçaient alors les enfants dans les pays d’Europe touchés par la Seconde Guerre Mondiale. Elle est aujourd’hui implantée dans 190 pays.
Un peu d’Histoire
On peut dire que la création de l’UNICEF n’est que la poursuite d’une décision plus ancienne, la Déclaration de Genève de 1924, adoptée par la Société des Nations (ancêtre de l’ONU), qui reconnaît et affirme pour la première fois l’existence de droits spécifiques aux enfants, mais surtout la responsabilité des adultes à leur égard. Cette prise de conscience semble avoir deux origines.
Tout d’abord les travaux de Janusz Korczak (1876-1942) de son vrai nom Henryk Goldszmit, pédiatre polonais qui a rédigé des centaines d’articles et de livres, animé une émission de radio hebdomadaire sur l’éducation, créé deux orphelinats, et réalisé le supplément d’un journal national entièrement rédigé par des enfants. Il plaidait pour une réforme complète du statut de l’enfant et une éducation fondée sur la sauvegarde et le respect de sa personne. En 1942, il mourra dans le camp de Treblinka où il a choisi d’accompagner les 200 enfants juifs d’un orphelinat de Varsovie.
Ensuite, deux sœurs britanniques, Eglantyne Jebb et Dorothy Buxton, marquée par l’horreur de la Première Guerre Mondiale, prennent conscience de la nécessité d’une protection particulière pour les enfants et fondent à Londres, en 1919, le Save the Children Fund, pour porter assistance et protéger les enfants victimes de la guerre. Dès 1920, le Save the Children Fund s’organise et se structure autour de l’Union Internationale de Secours aux Enfants (UISE), avec l’appui du Comité International de la Croix-Rouge (CICR). Le 23 février 1923, l’UISE adopte, lors de son IVe Congrès général, la première déclaration des Droits de l’Enfant, qui sera ratifiée par le Ve Congrès général, le 28 février 1924.
Ce texte est alors adressé à la Société des Nations qui l’adopte le 26 septembre de la même année. Cette brève déclaration de 5 articles porte sur le bien-être de l’enfant et reconnaît son droit au développement, à l’assistance et au secours, et son droit à la protection. En 1934, les états participants à l’Assemblée Générale de la Société des Nations font la promesse de transcrire ses principes dans leurs législations nationales, même si ce geste n’a aucune valeur juridique contraignante pour eux.
Création de l’UNICEF
A la fin de la Seconde Guerre Mondiale, on estime que 20 millions d’enfants européens ont, suite au conflit, un besoin urgent d’aide humanitaire. Le 11 décembre 1946 est créé l’UNICEF pour leur venir en aide. Cette agence des Nations Unies reçoit, alors, un mandat de 3 ans renouvelable une seule fois. L’Américain Maurice Pate en est nommé directeur général. Une seule consigne : aider tous les enfants, et ce quelque position qu’ait adopté le pays d’origine de l’enfant durant le conflit mondial.
Ce qui est transcrit sur la devise initiale de l’UNICEF « For every children ». Dès le début des années 50, son action va commencer à s’étendre à d’autres continents et, en 1953, l’UNICEF devient un organisme permanent. Une petite victoire seulement néanmoins car cela est assorti d’une condition : l’organisme devra récolter lui-même ses moyens de fonctionner.
En 1965, l’UNICEF reçoit le prestigieux prix Nobel de la Paix. Karin Sham Poo, directrice de cette institution déclara : « en regardant la vie de cette organisation, il est clair pour nous que ce ne sont pas les actes de l’UNICEF qui ont été reconnus en 1965 par le Comité Nobel, mais l’idée de l’UNICEF. Ce ne sont pas les aspirations de l’UNICEF en tant qu’institution qui ont été honorées, mais son aspiration pour nos enfants et notre avenir. C’était notre mémoire humaine collective de l’enfance, ainsi que les rêves présents en ces mémoires, qui ont été reconnus. »
Aujourd’hui, l’UNICEF a son siège à New York mais comporte 34 comités nationaux, 7 bureaux régionaux, 1 centre de recherche à Florence, ainsi que des services à Copenhague, Budapest, Bruxelles, Genève, Séoul et Tokyo.
La Convention Internationale des Droits de l’Enfant (CIDE)
Cette Convention a été adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies le 20 novembre 1989 (après tout de même 10 années de négociation) et signée par la France le 26 janvier 1990. Le Parlement, par une loi du 2 juillet 1990, en a autorisé la ratification qui est intervenue le 7 août 1990.
Conformément à l’article 49 de la Convention, celle-ci est entrée en application en France le 6 septembre 1990. Point important, cette Convention va reconnaître l’UNICEF comme la principale organisation chargée de sa bonne application dans le monde.
Elle comporte 12 points essentiels : le droit d’avoir un nom, une nationalité, une identité ; le droit d’être soigné, protégé des maladies, d’avoir une alimentation suffisante et équilibrée ; le droit d’aller à l’école ; le droit d’être protégé de la violence, de la maltraitance et de toute forme d’abus et d’exploitation. Cette Convention est célébrée chaque année le 20 novembre. Notez qu’en 2019, Astérix s’implique dans cette convention grâce à un album et un jeu (tous deux téléchargeables gratuitement sur internet)
De quoi vit l’UNICEF ?
Dans une position où chaque contribution qui lui parvient ne peut être que volontaire et conscient de ce que rien n’est jamais acquis, l’UNICEF va faire de ce talon d’Achille une vraie force en développant une créativité exceptionnelle. C’est ce que l’on appelle aujourd’hui l’« innovation ». L’organisation va non seulement exploiter chaque don qu’elle reçoit de la meilleure manière qui soit mais elle va aussi développer des activités de récolte de fonds novatrices et multiples.
D’après les chiffres de 2019, cet organisme reçoit des contributions volontaires de 137 partenaires gouvernementaux, d’organisations intergouvernementales et d’accords inter institutions à la hauteur de 4,7 milliards de dollars. Les partenariats avec le secteur privé ont continué de prendre de l’ampleur, avec une contribution atteignant 1,5 milliard de dollars. Mais elle collecte aussi des fonds sous forme de dons, ou en vendant des objets, comme des cartes postales ou des CD. Par exemple, grâce à un partenariat avec le groupe d’enfants chanteurs Kids United, l’UNICEF touche de l’argent sur chaque album vendu.
Et la numismatique ?
Paradoxalement, cette action a été, globalement, peu médiatisée dans le monde de la numismatique. En tous cas par rapport à la FAO ou surtout l’UNESCO et sa Fondation du Patrimoine Mondial. Il existe pourtant un assez grand nombre d’émissions de monnaies ou de médailles sur ce sujet, mais qui sont assez difficiles à trouver.
La première semble avoir été émise en 1972 par l’Egypte à l’occasion du 25e anniversaire de l’institution. C’est une pièce de circulation courante d’une valeur faciale de 5 Qirsh.
S’ensuit, en 1974, une étonnante pièce décagonale en or du Swaziland de 20 Emalangeni (22,23 g et 33 mm). Elle est frappée pour le 75e anniversaire du Roi Sobhuza II, mais son revers est bien consacré à l’UNICEF.
En 1979, les Pays-Bas lancent une pièce d’argent de 25 gulden montrant des enfants en train de faire une ronde.
A partir de là, un certain nombre de pays vont, à leur tour, célébrer l’organisation sur une ou plusieurs monnaies, de circulation courante ou commémoratives. L’Argentine émet, en 1996, deux monnaies de circulation courante de 50 centavos et 1 peso (bimétallique). Elles ont un avers commun, une petite fille en buste portant une poupée. Le revers mentionne UNICEF CINCUENTA ANOSCON LOS NINOS, avec le logo et les dates 1946-1996.
En 1997 les Bahamas font frapper une pièce de 2 dollars en argent (23,23 g et 38,6 mm). Le revers montre deux enfants nageant avec un dauphin et la légende FOR THE CHILDREN OF THE WORLD, avec le logo de l’organisation.
Cette même année, la Bulgarie y consacre une monnaie d’argent de 1000 Leva (23,33 g et 38,61 mm). Le revers montre une petite fille debout devant une maison, en costume traditionnel, en train de chanter.
En 1998, c’est l’État de Bahrein qui émet une monnaie commémorative d’argent d’une valeur faciale de 5 dinars (19,44 g et 36 mm). Elle montre, au revers, un groupe de 5 enfants en train de jouer aux billes (?).
En 2001, la Barbade montre des enfants jouant au cricket (5 dollars argent), etc.… (Voir le tableau ci-dessous).
Notez, en 1996, pour le cinquantenaire de l’UNICEF, une série néerlandaise de 12 médailles en argent représentant un enfant de chacun des 12 pays choisis.
Et la France ?
Cette année, pour célébrer ces missions et soutenir l’engagement d’UNICEF à l’occasion des 75 ans de sa création, la Monnaie de Paris a créé une collection commémorative qui prend la forme d’une pièce de 2 euros, en tirage limité, disponible en deux qualités de frappe différentes : Brillant Universel (BU) et Belle Epreuve (BE). Pour chaque pièce de deux euros BE ou BU achetée, la Monnaie de Paris s’engage à reverser deux euros à UNICEF.
Joaquin Jimenez, Graveur général de la Monnaie de Paris depuis juillet 2020, a lui-même créé le dessin original du revers de cette pièce : la métaphore du lien qui réunit les âmes est figurée par un globe terrestre représenté en forme de puzzle. Deux mains enfantines entourent la planète tandis qu’une branche d’olivier, symbole de paix, se déploie sur la gauche. Les dates de l’anniversaire d’UNICEF sont prolongées par l’inscription : « Pour chaque enfant », qui est la devise de l’organisation.
« La défense universelle des enfants est une cause que nous devions illustrer par une allégorie, tout en gardant une part enfantine. J’ai essayé de garder une âme d’enfant tout en exprimant les valeurs nobles d’UNICEF » indique le Graveur général qui y a apposé son différent.
En bref, si vous étiez à la recherche d’une thématique pour votre collection, vous allez avoir le choix !
L’UNICEF en chiffres
Son dernier rapport d’activité souligne les réalisations de l’UNICEF en 2019, notamment permettre à 307 millions d’enfants de moins de 5 ans d’obtenir des services de prévention de la malnutrition, ainsi qu’à 17 millions d’enfants déscolarisés de recevoir une éducation ; soutenir le développement des compétences de 4 millions d’enfants et de jeunes ; assurer un accès à l’eau potable et à des services d’assainissement essentiels pour 18,3 millions et 15,5 millions de personnes, respectivement ; et fournir une aide humanitaire dans 281 situations d’urgence dans 96 pays.