Pour le Larousse, un héros est une « personne qui se distingue par des qualités ou des actions exceptionnelles, par son courage face au danger ». Si ces personnages de légende sont omniprésents sur la monnaie des Etats-Unis, d’autres pays leur ont également accordé une place de choix.
LES ÉTATS-UNIS
Aux Etats-Unis on retrouve sur les monnaies en circulation aujourd’hui, Abraham Lincoln sur la pièce de 1 cent, Thomas Jefferson sur la pièce de 5 cents, Franklin D. Roosevelt sur la pièce de 1 décime (dime) et George Washington sur la pièce de ¼ dollar. Tous furent présidents de cette grande nation.
Lincoln est connu pour avoir été le président qui a aboli l’esclavage. Il a également réussi à réunifier le pays après la guerre de Sécession avant d’être assassiné par un fanatique. Jefferson a été, non seulement le principal auteur de la Déclaration d’Indépendance des États- Unis, mais aussi le président qui acheta la Louisiane à la France. Quant à Roosevelt, il guida les États-Unis pendant la Seconde Guerre Mondiale et fut l’un des artisans de la victoire des Alliés. Pour ce qui est de Washington, il fut le commandant en chef de l’armée américaine pendant la guerre de l’Indépendance et fut le premier Président du pays.
On retrouve Abraham Lincoln à l’avers de la pièce de 1 cent depuis 1909. C’est en janvier de cette année que les services de Victor D. Brenner sont retenus pour l’élaboration de nouveaux motifs pour la pièce de 1 cent en précisant qu’un buste de Lincoln était requis afin de souligner le centième anniversaire de sa naissance. La pièce est mise en circulation le 2 août de la même année au grand plaisir du public. Si l’avers demeure inchangé depuis plus d’un siècle, le revers, lui, a changé six fois :
> « aux germes de blé » (1909-1958)
> « mémorial », introduit à l’occasion du 150e anniversaire de la naissance de Lincoln (1959-2008)
> « naissance et petite enfance », premier des quatre types émis à l’occasion du bicentenaire de la naissance de Lincoln (2009)
> « années de formation » (2009)
> « vie professionnelle » (2009)
> « présidence » (2009)
> « écu de l’Union » (depuis 2010)
Il est à noter que Lincoln figure également sur deux de ces revers.
La seconde pièce du bicentenaire, dédiée aux « années de formation », fut dessinée par Charles Vickers et montre un jeune Lincoln lisant lors d’une pause de travail.
Cette période s’inscrit lors de son séjour en Indiana de 1816 à 1830.
La pièce suivante souligne la vie professionnelle de Lincoln en Illinois (1830–1861) et représente un jeune professionnel debout devant l’édifice du capitole à Springfield.
Elle fut dessinée par Joel Iskowitz.
Une pièce de 1 dollar en argent à son effigie fut émise lors du bicentenaire de 2009, tandis qu’un dollar présidentiel lui est consacré en tant que 16e président des États-Unis en 2010.
On le retrouve également sur le billet de 5 dollars. Dans tous les sondages faits depuis 1940 sur le classement des présidents américains, Lincoln a toujours été dans les trois premiers, souvent le premier.
Thomas Jefferson, auteur principal de la Déclaration d’indépendance et troisième président des Etats-Unis est représenté à l’avers de la pièce de 5 cents depuis 1938. Trois avers ont été utilisés au fil des ans et cinq revers caractérisent les types :
> « Monticello » (1938-2003)
> « achat de la Louisiane » (2004)
> « expédition Lewis & Clark » (2004)
> « bison américain » (2005)
> « océan à l’horizon » (2005)
> « retour à Monticello » (depuis 2006)
Le premier avers, réalisé par Felix Schlag, montre un buste de Jefferson, à gauche, avec devant lui en légende de 8 h à 10 h, la devise IN GOD WE TRUST (nous croyons en Dieu) et, derrière lui en légende de 2 h à 5 h, LIBERTY et le millésime. Cet avers a été utilisé pour les types « Monticello », « achat de la Louisiane » et « expédition Lewis & Clark », de 1938 à 2004.
Le second avers, utilisé seulement en 2005 pour les types « bison américain » et « océan à l’horizon », est de Joe Fitzgerald. Souvent appelé « Jefferson & Liberty », il montre un gros plan du visage de Jefferson, à droite, avec l’inscription LIBERTY devant le menton de Jefferson, de la main de ce dernier. La devise IN GOD WE TRUST est en légende de 12 h à 3 h et le millésime de 5 h à 4 h. Enfin, on retrouve la marque d’atelier dans le champ entre LIBERTY et le millésime.
Introduit avec le type « retour à Monticello », le dernier avers est l’oeuvre de Jamie Franki qui s’est inspiré d’un portrait réalisé par Remdrandt Peale en 1800, ce qui explique son surnom de « Jefferson 1800 ». Un buste de Jefferson en trois quarts à droite est représenté avec, à droite à la hauteur du cou le mot LIBERTY, de la main de Jefferson. Sous ce mot, on retrouve le millésime et, sous celui-ci, la marque d’atelier. La devise IN GOD WE TRUST est en légende de 12 h à 4 h.
Troisième président des États-Unis, le dollar présidentiel qui lui est consacré est millésimé 2007. On retrouve également son effigie sur le billet de 2 dollars, mais celui-ci n’a qu’une circulation restreinte.
Le héros suivant qui orne la pièce de 1 décime (dime) depuis 1946, est Franklin Delano Roosevelt, souvent appelé simplement F.D.R., qui fut président des États-Unis de 1933 jusqu’à sa mort en 1945. On le retrouve habituellement au deuxième ou troisième rang du classement des présidents américains.
Le Trésor s’est empressé de créer une pièce à sa mémoire dès sa mort en 1945. Il choisit la pièce de 1 décime parce que le président Roosevelt était un mécène du groupe March of Dimes, groupe qui cherchait à vaincre la polio.
Créée par John R. Sinnock, l’avers montre la tête à gauche de Roosevelt avec, en légende devant lui de 8 h à 11 h, le mot LIBERTY. La devise IN GOD / WE TRUST est écrite en deux lignes devant la gorge de Roosevelt et le millésime est dernière la nuque.
George Washington, le « père des États-Unis » et leur premier président, est présent sur la pièce de ¼ dollar depuis 1932. Ce sont les motifs de John Flanagan, un sculpteur new-yorkais qui furent choisis pour une pièce qui devait souligner le bicentenaire de la naissance de Washington. Mais elle fut si populaire qu’on décida de conserver le type.
Deux avers ont été utilisés jusqu’à présent. Le premier montre un buste de Washington, à gauche, inspiré de la sculpture de Jean Antoine Houdon. Le mot LIBERTY est en légende de 11 h à 1 h et le millésime est à 6 h. La devise IN GOD WE / TRUST est écrite en deux lignes devant le buste hauteur de la gorge. On retrouve la marque d’atelier en ligne avec la devise derrière le buste.
La venue du programme des ¼ dollars des 50 États, en 1999, a nécessité un nouvel avers, car on voulait mettre le millésime au revers et le nom du pays et la dénomination à l’avers. La Monnaie américaine profita de l’occasion pour retravailler le buste de Flanagan, le racourcissant quelque peu et ajoutant du détail, particulièrement dans la chevelure.
Le buste de Washington demeure au centre du motif. Le mot LIBERTY est devant le buste, à hauteur de la gorge. La devise IN / GOD WE / TRUST (en trois lignes) a été bougée derrière le buste à hauteur du menton. On retrouve sous celle-ci, à hauteur de la boucle dans la chevelure, la marque d’atelier. Le nom du pays est en légende de 10 h à 2 h et la dénomination, QUARTER DOLLAR, l’est de 7 h à 5 h. Cet avers fut utilisé pour les programmes commémoratifs qui ont suivi.
Washington fut le premier à orner un dollar présidentiel, en 2007. Son effigie figure également sur le billet de 1 dollar qui circule encore beaucoup.
On retrouve d’autres « héros » sur les pièces de ½ dollar : Benjamin Franklin de 1948 à 1963 et John F. Kennedy de 1964 à aujourd’hui. Sur la pièce de 1 dollar, c’est l’effigie de Dwight D. Eisenhower qui est représentée de 1971 à 1978.
DES HÉROS RÉGIONAUX
Il n’y a pas qu’aux États-Unis que l’on représente les héros sur les monnaies. Simón Bolívar et Antonio Sucre, deux hommes d’État qui ont influé un continent entier, ont figuré eux aussi sur diverses monnaies.
Bolívar, El Liberador (le Libérateur), est né à Caracas le 24 juillet 1783. Il rêve de libérer les colonies espagnoles et de créer une fédération latino-américaine. Il se joint donc au mouvement d’indépendance en 1810. Il s’empare de sa ville natale, Caracas, en 1813 et en assume la dictature dans le but d’unifier ses citoyens alors partagés dans divers camps politiques. Les forces espagnoles reprennent la ville en 1814. Il s’exile alors en Jamaïque puis à Haïti. Bolívar envahit de nouveau le Venezuela en 1817 et établit un gouvernement révolutionnaire à Angostura (aujourd’hui, ville Bolívar). Il est élu à la présidence du Venezuela. Deux ans plus tard, il remporte une nouvelle victoire sur les forces espagnoles et est élu à la présidence de la nouvelle République de Colombie (maintenant connue sous le nom de Grande-Colombie), qui réunit le Venezuela et la Nouvelle-Grenade. Libéré des Espagnols par Antonio Sucre, l’un des généraux de Bolívar, l’Équateur joint la Grande-Colombie. En 1824, il mène les forces révolutionnaires péruviennes à la victoire et est élu à la présidence du Pérou en 1825. Il aide le sud du Pérou à constituer une république indépendante qui prend le nom de Bolivie en son honneur. L’Équateur reprend son indépendance en 1830.
La Bolivie, la Colombie, l’Équateur, le Pérou et le Venezuela furent donc aidés par Bolívar, et on retrouve son effigie sur les pièces et billets de quatre d’entre eux. Au Venezuela, Bolívar est présent sur les pièces de monnaie aux XIXe, XXe et XXIe siècles. À compter de 1874, toutes les pièces en argent en centavos et venezolano, sont à l’effigie de Bolivar, accompagnée de la légende BOLIVAR LIBERTADOR. En 1896 le pays lui rend un hommage encore plus important en donnant son nom à la monnaie (1 bolivar = 100 centimos). Cette tradition de mettre son effigie sur toutes les monnaies d’argent se poursuit jusqu’en 1960. Avec le retrait de l’argent (métal) de circulation ce sont toutes les pièces d’une valeur supérieure à 25 centimos qui sont dorénavant ornées de son portrait, et ce jusqu’en 2005.
Avec la réforme monétaire de 2007 (1000 anciens bolivares = 1 bolivar fuerte = 100 centimos), son image n’est réservée qu’à la pièce de 1 bolivar [fuerte]. On le retrouve également sur des monnaies boliviennes et équatoriennes du XIXe siècle et colombiennes des XXe et XXIe siècles. Antonio Sucre, l’un des meilleurs amis de Bolívar et l’un de ses généraux, s’est battu à ses côtés, est le héros de l’Équateur. En effet, c’est grâce à sa victoire sur les Espagnols à Pinchincha, le 24 mai 1822, que l’Équateur a obtenu son indépendance de l’Espagne. En 1884, le pays adopte le sucre, nommé en son hommage, comme monnaie officielle (100 centavos = 10 decimos = 1 sucre). Son effigie apparaît sur les monnaies peu de temps après et ce jusqu’en 1988.
LE RESTE DU MONDE
Ailleurs dans le monde, peu de place est réservée habituellement aux héros, et souvent occasionnellement, sur les monnaies courantes.
Au Canada par exemple, la pièce de 1 dollar millésimée 2005, rend hommage à Terry Fox, un athlète canadien ayant perdu une jambe suite à un cancer. Il entreprit, en 1980, de traverser le Canada à la course pour amasser des fonds pour la recherche, c’était son « marathon de l’Espoir ». Il dut abandonner, pour des raisons de santé, après 143 jours de course, soit 5373 km. Depuis une course en son nom est organisée annuellement pour collecter des fonds. Elle implique aujourd’hui des millions de coureurs dans plus de 60 pays.
La seconde pièce a été lancée en octobre dernier et montre le « héros du Haut- Canada », le major général Isaac Brock. Il s’agit de la première de quatre pièces qui rendront hommage aux héros de la guerre de 1812 (connue en Europe sous le nom de « guerre anglo-américaine »). Brock, le commandant des forces militaires au Canada, est mort au champ de bataille après quelques retentissants faits d’armes. On doit noter que Brock était originaire de Guernesey et qu’on le retrouve au dos de billets de 10 livres (millésimés 1975 et 1980) de cette île avec la mention « héros du Haut-Canada ».
La France, comme le Canada, a fait peu de place pour ses héros sur les monnaies courantes. Mais il semble qu’un changement est peut-être en cours. En effet, deux récentes pièces ont représenté des héros français : la 2 euros commémorative 2010 à l’effigie du Général de Gaulle pour le 70e anniversaire de l’Appel du 18 juin, et celle de 2012 qui rend hommage à l’abbé Pierre.