Alors qu’un film d’animation est sorti fin 2015, la Monnaie de Paris a proposé en accompagnement des pièces autour du Petit Prince. Publié pour la première fois en 1943 (aux USA car il ne sort en France qu’en 1946), cet ouvrage est certainement le plus universellement connu d’Antoine de Saint-Exupéry. On estime à ce jour qu’il a fait l’objet de 270 traductions, de plus de 500 éditions différentes et d’un tirage supérieur à 145 millions d’exemplaires (dont 12 millions en France). Sans compter avec les adaptations phonographiques, dont certaines célèbres, ou cinématographiques, dans l’ensemble moins réussies. Qui, enfant, n’a pas écouté sa version dite par Gérard Philippe, Jean-Louis Trintignant ou Pierre Arditi ? En sus, ce conte philosophique et poétique est un ouvrage complet puisque son auteur en a lui-même dessiné les illustrations. Cette notoriété mondiale a été relayée par le monde de la numismatique.
UNE VIE DE PIONNIER DE L’AVIATION
Antoine Marie Jean-Baptiste Roger de Saint-Exupéry est né à Lyon le 29 juin 1900. Il vivra ses premières aventure dans le sillage des pionniers de l’aviation française. Après un service militaire dans l’armée de l’air, son nom est associé à celui de Didier Daurat, Jean Mermoz et Henri Guillaumet. Sur les lignes de l’Aéropostale, dans les appareils produits par Latécoère, il effectue de périlleuses liaisons entre Toulouse et Casablanca, puis Dakar, traversant le Sahara et ses dangers en cas de panne. Puis l’aventure se poursuit vers l’Amérique du Sud où il a en charge les lignes de Patagonie. En 1931 il reviendra en France avec une épouse, Consuelo Suncin Sandoval de Gómez. On peut sans trop se tromper identifier son oeuvre littéraire, basée sur l’aviation, à sa vie. Publié en décembre 1930, Vol de nuit en est le meilleur exemple. C’est un véritable succès mondial. Mais on pense aussi à Courrier du Sud ou Terre des Hommes.
A partir de 1932, la petite compagnie aérienne prend un essor nouveau qui ne lui convient pas. Il décide donc de se consacrer à la fois d’avantage à l’écriture et à des exploits aériens plus spectaculaires. Au début de la Seconde Guerre Mondiale il est, bien entendu, incorporé dans l’armée de l’air. Mais la rapide débacle ne lui permet pas de se battre. Il se rend alors aux USA dans l’idée de convaincre les Américains d’entrer en guerre. Cette entreprise est peu couronnée de succès. Il revient donc se battre en Afrique du Nord, dans une unité de reconnaissance aérienne. Il disparaîtra lors d’une de ces missions le 31 juillet 1944 au dessus de la Méditerranée. Ce n’est qu’en 2000 que l’épave de son avion fut retrouvée au large de Marseille, puis formellement identifiée. C’est pour commémorer ses exploits que sa ville natale de Lyon a donné son nom à l’aéroport de Satolas.
« LE PETIT PRINCE »
Ce n’est donc pas en France mais à New-York, où il réside, que Saint Exupéry fait paraître pour la première fois en 1943. Le Petit Prince dont les illustrations, dues à l’auteur lui-même, sont inséparables du texte. Plus qu’un conte pour enfant, c’est une véritable parabole philosophique. Son démarrage ressemble à une de ces histoires d’accident dans le désert auquel survécurent ou non les pionniers de l’aéropostale. Cette panne est le déclencheur d’une rencontre, une sorte de mirage qui débute par cette phrase désormais célèbre : « S’il vous plaît… dessine-moi un mouton ! ». Ce Petit Prince est en visite sur la Terre après avoir effectué un périple sur des planètes et astéroïdes improbables. Il va raconter ses pérégrinations à l’aviateur perdu, ses rencontres, ses impressions. Puis il retournera sur sa planète et le pilote finira par réparer et repartir.
ET LA MONNAIE ?
En 2000, la Monnaie de Paris a sorti sa première série de monnaies ayant cours légal en qualité BU sur le thème du Petit Prince. L’idée était sans doute de faire le pendant des séries dites « baby set » émises par nombre d’hôtels des monnaies dans le monde. Ces « baby set » étaient en fait destinés à faire des cadeaux de naissance. C’est pourquoi un emplacement est prévu sur le set pour pouvoir inscrire le nom de l’enfant ainsi que ses dates et heures de naissance, le nom de ses parents et celui de ses grands-parents. Les tirages et les compositions de ces séries ont varié au cours des années :
Millésime Tirage Nombre de pièces
2000 25.000 9
2001 25.000 10
2002 25.000 8 + un jeton
2003 35.000 8 + un jeton
2004 20.000 8 + un jeton
Autre hommage à Saint Exupéry, deux pièces commémoratives sont aussi émises en 2000 par la Monnaie de Paris. Elles portent toutes deux à l’avers le portrait de l’écrivain-aviateur avec, derrière lui, un biplan Latécoère. Les revers sont, en revanche, différents :
> 10 francs en argent BE (22,2 g, 37 mm). Le Petit Prince est représenté debout, de face, et rehaussé par de l’émail coloré. Le tirage annoncé était de 10.000 exemplaires.
> 100 francs or BE (17 g, 31 mm). Il se tient debout sur un astéroïde et semble regarder les étoiles. Le tirage annoncé était de 1.000 exemplaires. Mais il ne faut pas également oublier la série de bijoux en or de la Monnaie intitulée « Le Petit Prince et ses amis » ou ses presse-papiers de bronze argenté « Le Petit Prince dans les étoiles » ou « le Petit Prince au renard ».
ET LES BILLETS ?
Le 10 mars 1992, dans le cadre du lancement d’une nouvelle gamme de billets, la Banque de France présentait un 50 Francs « Saint Exupéry » (les trois autres étaient un 100 Francs « Cézanne « , un 200 Francs « Eiffel » et un 500 Francs « Curie »). Ce billet qui est entré en circulation en octobre 1993, était très novateur. Tout d’abord par sa taille réduite (123 x 80 mm), ensuite par sa couleur dominante bleue, enfin par ses multiples signes de sécurité nouveaux (strap, fil métallique, micro impression…). Son créateur est le graphiste Franco-Suisse Roger Pfund (lauréat du concours de 1986 de la Banque Nationale Suisse). Outre le portrait de Saint Exupery, ses motifs visuels sont directement inspirés de sa vie et de son oeuvre : carte de l’Afrique rappelant son travail dans l’Aéropostale, représentation de son avion, lien avec son livre Vol de Nuit, le Petit Prince avec son mouton et le serpent qui a avalé un éléphant. Ce billet, comme les autres, a connu plusieurs types de « fautes » (absence de date, de strap ou du mouton), mais la palme de l’erreur revient à la première émission sur laquelle la Banque de France avait orthographié son nom avec un accent : « Antoine de Saint-Éxupéry ». Comme les derniers billets libellés en francs, son émission cesse le 31 décembre 2001 pour laisser place aux billets en euro et a perdu son cours légal le 18 février 2002.