Bien sûr l’argent circule, il doit circuler, il est fait pour cela. Il doit passer de mains en mains entre acheteurs et vendeurs, entre clients et fournisseurs. Pour chaque opération un ticket de caisse, une facture viennent prouver la transaction.
Mais vous n’êtes pas sans savoir que l’argent circule aussi… en cachette et cela depuis très longtemps. D’ailleurs le vocabulaire le prouve à foison. Du « Dessous de table » au « Pot de vin », il y a aussi bien, quelques pièces de monnaie que de grosses valises de billets !
Mais on parle aussi des « Caisses noires », du « Travail au noir » payé forcément « au black », sans oublier le blanchiment d’argent. Décidément nos monnaies en voient de toutes les couleurs !
Il y a bien longtemps que les « Dessous de table » existent véritablement. On en a la preuve avec les fameuses « tables de changeurs » qui permettaient à un client de venir changer son argent pour acheter des produits sur les foires et les marchés médiévaux. Par un habile jeu de tiroirs discrets installés sous la table, il y avait une partie de la transaction qui glissait d’une main dans une poche sans que personne ne
s’en aperçoive. C’était donc bien un « Dessous de table » au sens propre comme au sens figuré !
Pour le « Pot de vin » il en va de même.
L’expression est claire et facile à comprendre quand on la prend au premier degré. Il s’agit d’un pot rempli de vin offert soit à un client venu acheter quelque chose, soit à un ouvrier venu effectuer un travail. Ce pot de vin existait avant l’usage de la bouteille et permettait d’offrir un petit supplément…
Quant aux « Caisses noires », elles seraient nées avec les ouvriers et employés des sociétés de Chemin de Fer cherchant à organiser un service de Secours Mutuel pour les familles en cas de coup dur. Les politiques refusent cette création et obligent donc les cheminots à faire circuler une caisse, discrètement, les jours de paye, pour que chacun donne sa part. Cette caisse de bois blanc passant de mains en mains noircies par le travail, la suie, le charbon, la graisse… devient une « Caisse noire » !
Enfin, le « Travail au Noir » plongerait son origine au Moyen Age, époque où l’on ne peut travailler qu’à la lumière du jour. Le soir venu, c’est à la lueur d’une pâle chandelle que l’on effectue des heures de travail dans le noir, de « Travail au noir », des heures forcément payées « au black » !
Article rédigé par Frédérick Gersal pour Monnaie Magazine
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