© Bruno Collin
Le 31 Août 1997, Lady Diana Spencer, 36 ans, Princesse de Galle, perdait la vie dans un tragique accident de voiture à Paris. Elle ne laissait pas seulement deux jeunes fils, alors adolescents, mais aussi un monde orphelin de l’une des plus vibrantes icônes du XXe siècle. Nous commémorons cette année le 60e anniversaire de sa naissance.
Lady Di – Du conte de fées…
Diana, fille cadette d’Edward Spencer est née le 1er juillet 1961. Son père devient huitième Comte Spencer en 1975 et, par contrecoup, elle acquiert le titre de Lady Diana Spencer. Celui-ci se remarie en 1976 avec la fille unique de la célèbre écrivain Barbara Cartland. Diana fit des études assez médiocres dans le Norfolk et dans le Kent. Après un séjour dans une institution privée en Suisse d’où elle ne rentre qu’en 1978, elle trouve un emploi d’assistante dans un jardin d’enfants à Londres, dans le quartier de Pimlico. C’est là qu’elle est « repérée » par la famille royale (lasse des aventures de Charles, toujours célibataire à 31 ans) à la recherche d’une compagne « jeune, protestante, de famille aristocratique, douce, modeste, docile et discrète », pour le Prince de Galles. Car la famille de Diana a toujours été proche de la famille royale britannique, et en particulier de la reine mère. Notez aussi que le Prince de Galles a eu une brève liaison avec la sœur aînée de Diana pendant les années 1970.
Elle le rencontre « par hasard », le 30 juillet 1980 lors d’un match de polo auquel il participe. Elle a 19 ans lorsqu’ils se fiancent et ne se sont vus que 13 fois entre leur première rencontre et leur union.
Ce mariage, qui suscite l’engouement des foules du monde entier, est célébré le 29 juillet 1981. Il est suivi par 35.000 invités et plus d’un milliard de téléspectateurs. Elle est la première Anglaise mariée avec un héritier présomptif au trône britannique depuis 1659, date à laquelle Anne Hyde se maria avec le Duc de York, le futur Jacques II d’Angleterre. Elle devient ainsi Princesse de Galles et, du même coup, la femme de rang le plus élevé au Royaume-Uni, après la reine et la reine-mère. Elle va avoir deux enfants, William (Arthur, Philip, Louis), né le 21 juin 1982, et Harry (Charles, Albert, David), né le 15 septembre 1984.
… à l’histoire pour tabloïd
Dès avant le mariage, elle apprend que Charles est toujours l’amant de Camilla Parker-Bowles. Dépressive, elle fait plusieurs tentatives de suicide. Sans doute afin de s’évader de la cour, du protocole, et de ses problèmes conjugaux, elle s’investit très vite dans des causes humanitaires telles que l’aide aux victimes du sida ou la lutte contre les mines antipersonnel. Sur ce point elle a un rôle prépondérant dans la signature du traité pour l’interdiction des bombes antipersonnel, adopté à Ottawa en 1997, juste après sa mort. Elle parcourt le monde et apparaît aux côtés de nombreuses personnalités comme Nelson Mandela, le Dalaï Lama ou Mère Thérèsa. Son engagement, son naturel et sa sincérité lui confèrent un rayonnement médiatique considérable dans le monde entier.
Mais cette notoriété est aussi une source de désagrément puisque, au début des années 90, son mariage est en train de voler en éclat. Elle avoua plusieurs liaisons avec son moniteur d’équitation, un garde du corps ou un marchand d’art… alors que le prince Charles avait repris la sienne avec Camilla. La presse à scandales fait ses choux gras de la vie intime du couple princier et les paparazzis les harcèlent. Ils finissent par se séparer le 9 décembre 1992 et le divorce est prononcé le 28 août 1996. Dans ce divorce, elle perd son titre et reçoit une indemnité ainsi qu’une rente. Mais, mère de deux enfants potentiellement héritiers du trône d’Angleterre, elle reste membre de la famille royale.
Une fin violente
Ce divorce ne met pas fin à ses ennuis médiatiques car partout où Diana apparaît, elle est suivie d’une meute de journalistes et de photographes. C’est ainsi que, le 31 août 1997, en voulant semer des paparazzi qui les harcelaient, le chauffeur de Diana écrase la voiture qui la conduisait en compagnie de Dodi Al Fayed (fils du milliardaire égyptien Mohammed Al-Fayed, propriétaire du grand magasin Harrods à Londres), contre le 13e pilier du tunnel de l’Alma, à Paris. Le garde du corps survécut. Diana, encore vivante, est désincarcérée de l’épave, et transportée à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, où elle succombe à 4 heures du matin. Elle a 36 ans.
Le lendemain matin, Jean-Pierre Chevènement, ministre de l’Intérieur, Jacques Chirac, Président de la République, et son épouse Bernadette, se rendent à l’hôpital ; suivis, vers 14 h, le Prince Charles et les deux sœurs de Diana (Lady Sarah Mc Corquodale et Lady Jane Fellowes) arrivés à Paris pour l’identification et qui repartent 90 minutes après. Sa mort constitue un choc sans précédent au Royaume-Uni où plus de 6 millions de personnes suivent les funérailles (alors que plus d’un million de bouquets ont été déposés devant son domicile de Kensington Palace), le 6 septembre, en l’abbaye de Westminster. De nombreuses célébrités l’accompagnent : Elton John, Tom Cruise, Nicole Kidman, Steven Spielberg ou Richard Branson. En Angleterre, la froideur de la famille royale à l’égard de la défunte princesse (le drapeau britannique n’est pas mis en berne) irrite profondément le peuple britannique, marquant une nouvelle ère compliquée pour le palais.
Ce décès accidentel laissera place aux plus folles rumeurs et les enquêtes, plus ou moins officielles, se succèdent. Il est vrai que la mère (protestante) des héritiers du Royaume-Uni épousant le fils Al Fayed (musulman), cela pouvait jeter un peu le trouble dans la monarchie britannique. On a également dit que sa mort était due aux services spéciaux britanniques, qu’elle était enceinte de Dodi Al Fayed, qu’elle allait se convertir à la religion musulmane, que la voiture avait heurté un autre véhicule qui ne fut jamais retrouvé…
Diana, Princesse de Galles est inhumée à Althorp dans le Northamptonshire, sur une île au milieu d’un lac. Les visiteurs peuvent voir une exposition qui lui est consacrée et faire le tour du lac.
Souvenirs, souvenirs !
Depuis sa mort, l’intérêt porté par le public à la vie de Diana est resté très élevé. Les objets (souvent de goût douteux) autour de Diana continuent de se multiplier. La Flamme de la Liberté, à Paris, monument situé au-dessus du tunnel de l’Alma (et commémorant le don par la France de la statue de la Liberté aux Etats-Unis) est désormais utilisée comme mémorial de cet accident. A Londres, le 6 juillet 2004, a été inaugurée une fontaine à sa mémoire dans Hyde Park. En 2006, Stephen Frears a consacré un film à ces évènements qui rencontra un grand succès, The queen, dans lequel il raconte les réactions de la famille royale et du jeune premier ministre, Tony Blair, pendant cette période tragique. Le 1er juillet 2007, pour commémorer le 10e anniversaire de sa mort, les princes William et Harry ont organisé dans le stade de Wembley un concert qui attira plus de 63 000 personnes. Un grand nombre d’artistes y participèrent dont Elton John, Rod Stewart, le National English Ballet, le groupe Duran Duran ou la chanteuse canadiennes Nelly Furtado.
Elle est encore aujourd’hui classée sixième dans le classement des 100 plus grands Britanniques de tous les temps. Et ce 60e anniversaire de sa naissance va, à nouveau, donner lieu à des commémorations. Par exemple, ses deux fils inaugureront une statue d’elle qui sera érigée dans le jardin du palais de Kensington, où elle aimait se promener. Elle est due au sculpteur Ian Rank-Broadley, qui créa également un des portraits de la Reine Elizabeth II pour les monnaies britanniques. Ce palais, aujourd’hui occupé par le Prince William et sa femme, accueille, à partir du 3 juin, une exposition intitulée Royal Style in the Making , qui y verra exposée la robe de mariage de la Princesse Diana.
Lady Diana – Une riche numismatique
Compte tenu de l’enthousiasme populaire, qui ne s’est jamais démenti, autour de Lady Diana, la numismatique s’est très largement mise au diapason dès 1981. Cette année-là, à l’occasion du mariage du Prince Charles et de Diana Spencer, est frappée une série exceptionnelle de 16 pièces, émises par 16 états différents (et souvent très exotiques) du Commonwealth : l’île d’Ascension, les Bahamas, les Bermudes, les îles Cayman, l’Est Caraïbe, les Falklands, Gibraltar, Guernsey, la Jamaïque, Jersey, l’île Maurice, Sainte Helene, Tristan da Cunha, Turk et Caïcos, les îles Tuvalu et, bien sûr, la Grande Bretagne. En 1999, le Royaume-Uni fait, tardivement, frapper une pièce commémorative de 5 livres.
En 2007, à l’occasion du 10e anniversaire de sa mort, plusieurs pays (sauf le Royaume-Uni) font frapper des monnaies spécifiques :
- les îles Vierges ont frappé une pièce d’argent de 10 $. Elle est associée à Mère Thérésa et représente leur rencontre, le 19 juin 1997 dans une maison des Missions située dans le Bronx de New York (9 jours avant son 87e anniversaire de Mère Thérésa).
- Les Falklands, sur une monnaie d’argent d’une couronne, montrent la Princesse en buste, de face.
- La Sierra Leone a fait frapper une pièce de 10 $, également en argent. C’est son côté maternel qui a été choisi comme thème puisqu’elle y est représentée avec ses deux fils, William et Harry, dont le chagrin, lors des obsèques de leur mère, très éloigné du strict protocole, émut le monde entier.
- Plus surprenant, la Belgique frappe une médaille anniversaire dans deux métaux (or et similor). L’avers présente son portrait à droite et le revers, un bouquet de rose, rappelant les millions de fleurs qui furent déposées par ses admirateurs au moment de sa mort.
On retrouve même son portrait (hideux d’ailleurs) sur une fausse pièce de 5 €. Le public s’attendant à ce qu’elle figure, un jour, sur un billet de la Banque d’Angleterre, de nombreuses simulations voient le jour. Mais le plus célèbre restera certainement celui créé par l’artiste britannique connu sous le pseudonyme Bansky, qui créa un billet de 10 £ sur lequel le buste de Diana remplaçait celui de la reine. Ces billets furent, à l’origine distribués gratuitement à la foule au carnaval de Notting Hill et au festival de Reading en 2004. Mais, inquiet qu’il puisse être poursuivi pour contrefaçon, ils furent retirés de la « circulation » et sont maintenant très recherchés. Tellement d’ailleurs que l’on estime que 90 % de ceux qui sont proposés à la vente aujourd’hui… sont faux.
Pour ce 60e anniversaire, on peut donc s’attendre à de nouvelles émissions commémoratives. Les îles Niue ont, par exemple, fait frapper une pièce d’argent rectangulaire (155,5 g et 50×80 mm) d’une valeur faciale de 10 $ et, symboliquement, tirée à 60 exemplaires. Les îles Cook émettent, elles, une toute petite monnaie d’or (0,5 g et 11 mm) montrant, au revers, une scène du mariage avec le Prince Charles. Et les îles Tokelau, une pièce d’argent au revers colorisé d’une valeur faciale de 5 £.
Et ce n’est probablement pas tout…