En 1863, la création du « Comité international de secours aux militaires blessés en campagne » est aujourd’hui considérée comme l’élément fondateur de la Croix Rouge internationale. Cette institution, aujourd’hui reconnue dans le monde entier, est due à un Suisse, Henri Dunant. Aujourd’hui, la Croix-Rouge et le Croissant Rouge constituent le plus grand réseau humanitaire du monde, toujours basé à Genève et représenté dans 186 pays.
UNE JEUNESSE AU SERVICE DES AUTRES
Henri Dunant, le père de la Croix Rouge, est un Suisse, né le 8 mai 1828 à Genève, dans une famille bourgeoise qui comptera cinq enfants, dont il est l’aîné. Ses parents sont très actifs dans l’action sociale car son père, membre du Conseil représentatif, le futur Conseil municipal de Genève, s’occupe d’orphelins et d’anciens repris de justice, et sa mère, fille d’un directeur d’hôpital, s’occupe d’oeuvres de bienfaisance.. Si le jeune Henri est un piètre collégien, il développe très jeune de fortes convictions sociales et charitables. Ainsi, par exemple, avec son père, à 6 ans, il a visité des Genevois incarcérés à la prison de Toulon. En 1852, il participe à l’implantation à Genève de « l’Union chrétienne de jeunes gens », l’UCJG, branche de la Young Men’s Christian Association (YMCA), fondée à Londres en 1844 par Georges Williams.
SON ACTION EN AFRIQUE DU NORD
En 1849, il commence à travailler dans une banque genevoise, mais il la quitte en 1853 pour entrer au service de la Compagnie genevoise des Colonies suisses, installée en Algérie, à Sétif. Constatant l’état du pays, il cherche tout de suite à en développer la prospérité en mettant tout en oeuvre pour augmenter le rendement des terres agricoles. Il obtient, d’ailleurs, de l’administration coloniale française, une concession qu’il tente de mettre en valeur par l’irrigation et la construction de moulins à blé. Mais il lui faut de l’eau et l’administration locale n’est pas pressée de lui accorder un permis. Il décide alors de demander la nationalité française en faisant valoir que sa famille est d’origine française, exilée pour des motifs religieux. Sans réponse, il décide de s’adresser directement à l’empereur Napoléon III qui se trouve alors en Italie où il mène, avec les Sardes, une guerre à l’occupant autrichien. Le 24 juin 1859, lorsque Henri Dunant arrive à rejoindre son bivouac, s’engage la bataille de Solférino qui va laisser plus de 38.000 morts et blessés. Arrivé le soir de la bataille, il s’investit presque sans moyens, avec l’aide des villageois voisins, pour soigner ceux qui peuvent l’être. Ce drame va avoir une influence décisive et réellement changer sa vie.
FONDATION DE LA CROIX-ROUGE
En 1860, il envoie à une amie genevoise ses impressions sur la bataille, qu’elle fait publier dans le Journal de Genève, anonymement. C’est la première description des horreurs d’un champ de bataille. En 1862, Dunant publie lui-même un livre, « Un souvenir de Solférino », dans lequel, outre une description de ce qu’il a vu, il fait des propositions concrètes afin de réduire les souffrances des soldats. Il suggère de créer dans chaque pays des organisations humanitaires neutres, composées de bénévoles ayant une formation adéquate, qui pourraient s’occuper du soin des blessés lors d’une guerre. Deux principes seraient à la base de cette intervention: « un militaire hors de combat à cause de ses blessures cesse d’être un ennemi et doit désormais être considéré comme un être humain qui a besoin d’aide ; les médecins et les infirmiers pourront donner leurs soins sans crainte d’être capturés. Ainsi ils ne seront pas forcés d’abandonner leurs blessés en cas de percée adverse ».
Si cette création lui vaut une reconnaissance des hommes et femmes politiques européens, ses affaires, en revanche, se portent très mal et il est déclaré en faillite en 1867. Cette situation, à l’époque, fait scandale et le force à démissionner de ses fonctions à la Croix Rouge. Il part pour Paris où, sans doute serait-il devenu clochard sans l’aide de l’impératrice Eugénie. Au moment de la guerre franco-prussienne de 1870, il invente la plaque individuelle qui va permettre d’identifier les morts. Puis il reprend ses errances misérables au travers l’Europe et finit par s’installer en Suisse dans un anonymat quasi total. En 1895, un journaliste le découvre et publie sur lui un article qui va relancer sa notoriété mondiale. En 1901 il obtient un des deux premiers prix Nobel de la paix. Il meurt le 30 octobre 1910.
MISE EN PRATIQUE
En février 1863, la « Société genevoise d’utilité publique » décide de mettre en pratique les propositions de Dunant et elle crée le « Comité international de secours aux militaires blessés en campagne », dont 2013 a marqué le 150e anniversaire. Henri Dunant fait partie de ce groupe de cinq personnes. En août 1864, une conférence internationale se réunie à Genève pour élaborer une convention « pour l’amélioration du sort des militaires blessés ». Elle prévoit : l’obligation de soigner les blessés sans distinction de nationalité, la neutralité du personnel et des établissements sanitaires et le signe distinctif de la croix rouge sur fond blanc. Cette première Convention de Genève sera suivie de trois autres (1906, 1929 et 1949) qui renforceront son rôle.
Aujourd’hui, la Croix-Rouge et le Croissant Rouge constituent le plus grand réseau humanitaire du monde, toujours basé à Genève et représenté dans 186 pays.
ET EN FRANCE ?
En France, le 25 mai 1864 il convainc de grands noms français de créer la Société de Secours aux Blessés Militaires (SSBM). La France est l’un des premiers pays à signer la première Convention de Genève le 22 août 1864 et à se doter d’une société nationale. Suite à des divisions, deux autres sociétés verront le jour : l’Association des Dames Françaises et l’Union des Femmes de France. Toutes trois seront très impliquées dans les batailles de la Première Guerre Mondiale. Ce n’est que le 7 août 1940 qu’elles seront fédérées au sein de la Croix Rouge française qui sera largement mise à contribution tout au long du second conflit mondial. Au secours aux blessés militaires s’ajouteront de nombreuses autres actions en direction des populations civiles déplacées ou réfugiées, ou des prisonniers et déportés. Pour mémoire, 100 postes de secours seront tenus par la Croix Rouge durant les seules journées de la Libération de Paris.
En 1876, ce comité devient le Comité international de la Croix-Rouge, avec pour drapeau l’inverse du drapeau suisse : une croix rouge sur fond blanc. Organisation impartiale, neutre et indépendante, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a la mission exclusivement humanitaire de protéger la vie et la dignité des victimes de conflits armés et d’autres situations de violence, et de leur porter assistance. Le CICR s’efforce également de prévenir la souffrance par la promotion et le renforcement du droit et des principes humanitaires universels. Le CICR est à l’origine des Conventions de Genève et du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, dont il dirige et coordonne les activités internationales dans les conflits armés et les autres situations de violence.
CROIX ROUGE ET NUMISMATIQUE
Si les amateurs de timbres sont particulièrement gatés par cette thématique, les amateurs de monnaies, ou de billets, ne sont pas en reste car le thème de la Croix Rouge est souvent repris dans les monnaies commémoratives ou, un peu moins, dans les billets.
C’est, bien entendu, la Suisse, patrie de naissance de Henri Dunant et de son organisation, qui reste à ce jour en tête des émissions monétaires sur le sujet. Trois pièces de monnaies ont célébré la Croix Rouge et son fondateur.
En 1963, une pièce d’argent de 5 francs (835 millièmes, 15 g, 31 mm) montre, à l’avers la légende circulaire CONFEDERATIO HELVETICA et 5 FR en son centre. Et, au revers, 1863 1963 avec, en son centre, une croix formée verticalement d’une femme debout levant la main gauche et horizontalement de deux blessés, porteurs de pansements, de part et d’autre. Nouvelle pièce de 5 francs en 1978, mais en cupronickel cette fois (31,3 mm, 13,2 g), relative au 150e anniversaire de Henri Dunant. Elle porte, à l’avers, sur 4 lignes, 5 Fr/ CONFOEDERATIO/HELVETICA/ 1978 et, au revers, le portrait de Dunant barbu à droite, porteur d’une sorte de coiffe et la légende circulaire HENRI DUNANT. En 2010, on revient à une pièce d’argent (835 millièmes), mais d’une valeur faciale de 20 francs cette fois (33 mm, 20 g). Elle commémore cette fois le centenaire de la mort d’Henri Dunant. Elle porte, à l’avers, CONFEDERATIO HELVETICA 20 FR 2010 et une croix ; et au revers, le portrait barbu et en buste devant une Croix Rouge dans un lacis de cercles et de traits et la légende HENRY DUNANT 1828-1910.
Mais ces émissions n’ont pas été limitées à la Suisse. Ainsi, en 1980, la Monnaie autrichienne frappe une pièce d’argent (640 millièmes) d’une valeur faciale de 500 shilling célébrant le centenaire de la création de la Croix Rouge autrichienne. Elle porte, à l’avers un cercle d’armoiries des différentes provinces du pays, en son centre la valeur faciale de 500 SHILLING et la légende REPUBLIK OSTEREICH ; et, au revers, le buste âgé d’Henry Dunant et, devant lui, les dates 1880-1980. En légende circulaire on trouve les mots 100 JAHRE entre deux croix et OSTERREICHISCHER ROTES KREUZ.
En 2004, la Shenze Guobao Mint Chinoise émet une pièce d’argent de 10 yuan (40 mm, 31,1 g) pour commémorer le centenaire de la création de la Croix Rouge chinoise. L’avers montrer un oiseau stylisé, couvert de fleurs, et le revers une croix rouge en couleurs entre deux palmes dorées.
En 2010, la Pobjoy Mint britannique frappe une pièce de 1/25e de couronne en or pur pour les Iles Falkand. Outre le traditionnel portrait de la reine Elizabeth II, elles portent, au revers, le buste de Henry Dunant au centre d’une croix portant, de part et d’autre, les dates 1910-2010.
Cette liste n’est certainement pas exhaustive. Et elle ne compte pas sur les très nombreuses médailles et décorations relatives à la Croix Rouge comme cette médaille datée de 1988 commémorant 40e anniversaire de la Croix Rouge monégasque, les médailles de 1980 et 2004 pour la Croix Rouge Belgique 1980, la médaille des donneurs de sang de Croatie ou la « Henri Dunant Medaille Deutsches Rotes Kreuz » en Allemagne. Il existe également une médaille de la Croix Rouge Française. Elle est attribuée, soit aux membres titulaires pour services exceptionnels ou de longue durée, soit aux membres bienfaiteurs. Elle porte une croix uniface émaillée de rouge et porte aux quatre angles sur l’avers le monogramme plein CRF. Le ruban est blanc avec au centre une raie rouge verticale.
Si nous n’avons pas trouvé de billet de banque sur ce sujet, sachez néanmoins qu’un projet avait été proposé pour un des World Economic Forum, sans valeur faciale, et imprimé sur un support polymère.