Après les déclarations le 21 Décembre 2019 des présidents ivoirien et français, le franc CFA va bientôt disparaître de la zone des pays de la CEDEAO. Issue d’une réflexion entamée depuis plusieurs années, cette réforme va modifier un certain nombre de règles de fonctionnement et en maintenir d’autres. Monnaie Magazine fait le point sur les évolutions de cette monnaie qui existe depuis 1945.
Le franc CFA devrait être remplacé par l’Eco durant l’été 2020 pour les pays de la CEDEAO. Plus qu’une révolution, c’est un ensemble de réformes profondes qui va aboutir à la naissance de cette nouvelle monnaie. Tout d’abord, le nom de Franc CFA qui cristallise de nombreuses critiques. Celles-ci sont liées aux relations coloniales que la France à eux avec de nombreux pays africains et, bien que CFA signifie aujourd’hui Communauté Financière d’Afrique, beaucoup se souviennent qu’il désignait à l’origine Franc des Colonies Françaises d’Afrique.
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La seconde réforme lève l’obligation de dépôt de la moitié des réserves de change de la Banque Centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) à la Banque de France. Cette obligation était vue par de nombreux observateurs comme humiliantes et infantilisantes pour les états africains.
La troisième réforme concerne la présence française dans les instances de la BCEAO ainsi que dans l’Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA). La France s’engage à ne plus être présente dans les conseils d’administration de ces institutions afin d’essayer de juguler les critiques sur son influence au sein de la politique financière et économique des pays d’Afrique de l’Ouest.
Malgré ces réformes, qui sont les plus importantes depuis de nombreuses années, un certain nombre de règles resteront en place, perdurant du Franc CFA à l’Eco.
Tout d’abord, la parité fixe avec l’euro est maintenu. Alassane Ouattara a défendu cette option en expliquant qu’elle permettrait d’éviter les risques d’inflation. Cette position est critiquée par plusieurs économistes africains qui considèrent que l’euro est un monnaie trop forte par rapport aux économies nationales de la zone et que cela freine la croissance économique, qui devrait être une priorité plus importante que de juguler le risque d’inflation.
La France reste garant financier pour les pays de l’UEMOA en maintenant une ligne de crédit qui permettra de couvrir les risques en manque de liquidité de la zone. Le président ivoirien pense que cette mesure permettra d’éviter la spéculation et la fuite de capitaux.
Annoncée pour l’été 2020, la mise en place de l’Eco ne devrait concerner que les huit pays de l’UEMOA : Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo. Ceux-ci sont déjà engagées dans un travail les amenant à des critères de convergences avec l’objectif d’une monnaie commune stable. Les autres pays de la CEDEAO ne respectant pas ces contraintes risquent fortement de devoir patienter avant de pouvoir intégrer cette nouvelle monnaie.
Les opinions publiques, dont certaines sont extrêmement critiques vis-à-vis du Franc CFA, semblent très partagés sur ces réformes. Certains ont l’impression qu’elles sont faites à minima et préserve un rôle d’influence encore trop grand à la France, surtout concernant le rôle de garant qu’elle garde. D’autres pensent que le symbole de la disparition du franc CFA est plus important que les réserves qui peuvent être faites sur la réforme.
Il faut noter que les pays de la zone du France CFA CEMAC (Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale) ne sont pas concerné par ces réformes et continueront à l’utiliser. Cette communauté est composée du Cameroun, du Gabon, de la Guinée Équatoriale, de la République Centrafricaine, de la République du Congo et du Tchad.
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