© François Blanchet pour Monnaie Magazine
Inventeur de la collection des médailles touristiques voici 22 ans (aussi connue sous le nom de « jetons touristiques »), Richard FAILLE est également l’inventeur de la collection des billets « euro souvenir », avec une valeur faciale de 0 euro, née voici trois ans. Monnaie Magazine l’a rencontré pour faire le point avec lui, sur cette nouvelle mode qui, semaine après semaine, prend de l’ampleur et se diffuse au monde entier.
Monnaie Magazine :
La collection des billets touristiques, lancée en 2015, semble connaître un développement rapide et sans précédent. Etes-vous étonné par ce succès ?
[ Richard FAILLE :
Les premiers billets sont effectivement sortis le 1er avril 2015, avec au départ une collection franco-française de 100 coupures. Aujourd’hui trois ans après, nous sommes passés à plus de 1000 billets différents, dans une vingtaine de pays, en Europe et dans le Monde. Effectivement, le succès est arrivé plus vite que je l’avais imaginé au départ… ]
Comment expliquez-vous cela ?
[ Quand j’ai créé le concept des médailles souvenirs en 1996, j’étais convaincu que cela allait fonctionner. Mais je ne pensais pas que ça irait aussi vite. La différence c’est qu’en 1996, je suis parti de zéro, sans produit, avec internet qui n’était pas encore né, et avec des collectionneurs qui n’existaient pas. Il a fallu tout créer. Le monde a complètement changé en 20 ans… Quand j’ai lancé les billets en 2015, tout était différent, la collection des médailles existait, les passionnés attendaient cela. A la sortie des billets, les gens ont été curieux, et ont tout de suite apprécié le produit. Ils ont acheté beaucoup, car ils n’ont pas voulu être pris de court, comme pour les médailles dans les années 2000. ]
Comment passe-t-on en trois ans, de 100 à 1000 billets ?
[ Le succès appelant le succès, j’ai été très vite abordé par des sociétés étrangères. Donc, très rapidement, j’ai développé la collection en Europe d’abord, puis dans le monde ensuite. Aujourd’hui par exemple, l’Allemagne est le premier pays en termes de vente de billets souvenirs, devant la France. Ils nous ont dépassés. On vend donc plus de billets outre-Rhin que chez nous. Le phénomène explose actuellement dans beaucoup de pays d’Europe : Espagne, Slovaquie, Portugal… La Suisse s’y met aussi, et l’Asie commence à se développer, particulièrement en Chine et au Japon. Même dans une petite contrée comme la Slovaquie, ils ont émis 54 billets différents, avec un phénomène de collection hallucinant dans ce pays. En Slovaquie, la presse nationale relate la sortie de chaque nouveau billet. Un billet souvenir a même été remis en mains propres, au Premier Ministre.]
Après l’Europe, vous percez donc sur le marché asiatique également ?
[ En Asie, c’est la Chine qui est en train d’exploser littéralement. Je pense qu’elle peut être numéro 1 des ventes l’an prochain, tous pays confondus, car nous diffusons là-bas, de très gros volumes . ]
Parlez-nous un peu de la collection 2019…
[ La collection 2019 va se développer très rapidement. Nous avons beaucoup de demandes, et sans faire aucun démarchage, les gens nous appellent directement. Avec Oberthur Fiduciaire, notre imprimeur, tout se passe très bien. Cette société reste la référence mondiale dans le domaine du billet. Au départ, les dirigeants de Oberthur se demandaient si la collection allait fonctionner, et ils savent désormais que c’est un super produit qui plaît à l’échelle planétaire, avec un vrai business. C’est un produit à la fois sérieux de par sa qualité fiduciaire, mais également sympathique et fun, car il est jeune, actuel, et répond aux attentes des collectionneurs. ]
Les billets touristiques peuvent-ils apporter un nouveau souffle à la collection de billets, souvent assimilée au parent pauvre de la numismatique ?
[ Effectivement, cette nouvelle tendance a permis de redorer le blason du billet dans le milieu de la collection. Chez les amoureux de la monnaie, le billet est en train d’exploser, et le billet 0 euro n’y est pas pour rien. Beaucoup de gens commencent à collectionner les billets de banque, alors qu’avant ils ne s’intéressaient qu’aux pièces. Certains acteurs valorisent aussi le billet pour le faire progresser. Les professionnels y trouvent aussi leur compte en vendant des packagings, des classeurs, coffrets, catalogues… C’est bon pour tout le monde, ça vient doper la collection ! ]
Dans ce contexte très favorable, quels sont vos axes de développement ?
[ Nous avons actuellement de gros projets sur des licences mondialement connues, ainsi que pour des gros évènements sportifs mondiaux. Nous avons déjà lancé les personnages de bande dessinée sur le billet 0 euro, et ce support plaît aujourd’hui, aux grands acteurs mondiaux. En plus, il n’est pas cher, donc tout le monde peut s’en procurer. ]
Cette collection naissante, évolue donc rapidement ?
[ Oui, car les gens commencent à collectionner soit par thématique, soit par pays. Donc, nous sommes bien sur une vraie collection qui évolue. Et comme dans toute collection qui vit, aujourd’hui il devient difficile de tout collectionner car il y a beaucoup de sorties. Donc, les numismates choisissent en fonction de leurs envies, différents thèmes. ]
Le billet touristique a-t-il finalement « tué » la médaille touristique ?
[ Non, pas du tout. La médaille existe toujours, et aux dires de nos clients qui sont les sites touristiques, les deux sont complémentaires. Ils vendent toujours des médailles et des billets. Ce dernier n’a donc pas « vampirisé » la médaille. Les deux produits ne se vendent pas cher, et chacun fait selon ses envies. Au final, le billet n’est pas concurrent de la médaille. ]