Après avoir atteint des records en 2011, les cours de l’or sont tombés à un niveau très bas un an plus tard, pour s’établir aujourd’hui aux alentours des 1000 euros l’once. Le journal Les Echos a même affiché sa perplexité face à une chute vertigineuse des cours de près de 10 % depuis le début de l’année. Et cette baisse ne touche pas que l’or car l’argent et le platine suivent des chemins identiques. Pourtant, dans le même temps, un certain nombre de prévisionnistes affirment que le cours du métal jaune pourrait repartir très nettement à la hausse, et redevenir un placement intéressant. Quelles en sont les raisons ? Par Bruno Collin pour Monnaie Magazine ©
UNE DIMINUTION DE LA PRODUCTION ?
Le moins que l’on puisse dire est que, aussi sérieuses qu’elles paraissent, les multiples analyses consultables offrent des résultats presque opposés. D’un côté, en fin d’année dernière, la société BMI Research annonçait que la production d’or mondiale allait continuer à augmenter avec une croissance annuelle prévisible de 2,3 %. Ce qui est confirmé par le World Gold Council qui s’attend à ce que cette production, qui a baissé de 2001 à 2009, continue à progresser pour atteindre presque 3 300 tonnes.
Pourtant, récemment, Goldman Sachs annonçait que les prochaines années allaient être marquées par un déclin de la production mondiale d’or, soutenue en cela par Goldcorp, l’une des plus grandes sociétés d’exploitation aurifère au monde, qui suggère que d’ici 2022, la production d’or tomberait au niveau de celle du début des années 2000. Ceci pourrait être dû en particulier à la baisse des investissements en matière d’exploration. Quand au US Geological Survey, il estime que si la production se poursuit aux niveaux actuels, les réserves mondiales d’or inexploitées seront épuisées d’ici 2034.
Bref, une cacophonie difficile à interpréter.
UNE HAUSSE CROISSANTE DES ACHATS ÉTRANGERS
Par exemple, la Russie aurait acheté près de 106 tonnes d’or depuis le début 2018 (qu’elle a compensé par une vente massive d’obligation du Trésor américain) dans le but de faire remonter ses réserves à 2000 tonnes, décuplant ainsi la part d’or dans ses réserves sur la dernière décennie. Deux autres gros investisseurs se partagent la première place des acquéreurs d’or : la Chine et l’Inde. Si la Chine est le premier producteur d’or au monde, cette production ne suffit pas à combler la demande de son marché intérieur. Elle doit donc, dans l’immédiat, acheter le surplus sur les marchés étrangers mais développer également une très intense politique d’investissement dans des mines situées sur d’autres continents comme en Argentine… ou même en Russie. Mais la dépréciation du yuan chinois et de la roupie indienne pourraient être des freins (au moins temporaires) à ces politiques d’achat massif. De plus, l’Inde a considérablement aggravé sa législation concernant les importations d’or car ces achats massifs d’or à l’étranger affaiblissent la monnaie locale. Mais n’oublions le très discret marché japonais dont les achats d’or ont fait un bon très net en 2016 et qui ne cesse de progresser. La preuve en est la hausse croissante des saisies d’or de contrebande par les douanes japonaises. Et, pour mémoire, rappelons que l’Allemagne a transféré, tout aussi discrètement, l’année dernière tout son stock d’or (374 tonnes tout de même) déposé à Paris pendant la Guerre froide, vers ses propres coffres de Francfort.
UN REFUGE CONTRE LES CRISES ÉCONOMIQUES
Cette baisse des cours reste inexplicable compte tenu de la conjoncture économique mondiale. L’escalade du conflit commercial, les craintes d’un ralentissement économique en Chine, la hausse de l’inflation américaine, la montée des risques politiques auraient dû normalement peser en faveur d’une hausse de l’or. Mais cette baisse, dont certains prédisent qu’elle pourrait atteindre 1100 $ (pour un peu plus de 1200 $ fin juillet) ne fait pas peur à tout le monde, et surtout pas aux particuliers qui semblent surfer sur cette phase baissière pour se constituer des stocks bon marché. Le site britannique Bullion Vault annonce ainsi qu’il a connu un record dans son stockage pour le compte de ses clients avec 250 kilos acquis entre fin juin et début juillet. Soit 8 % de plus qu’à la même date en 2017. Et ce ne sont pas les cryptomonnaies qui peuvent rassurer les investisseurs.
Trop techniques, trop mystérieuses et surtout aux fluctuations de cours trop imprévisibles. En la matière, l’or connaît aussi des fluctuations, mais bien moins importantes, mais surtout il existe physiquement et peut être négocié partout sur la planète.
ALORS QUE FAIRE ?
Tout investisseur, même modeste, doit détenir une partie de son pécule en or physique. Et pour ce faire, il dispose d’une très vaste gamme de produits. Tout le monde ne peut s’offrir un lingot (1 kg), et encore moins une barre
(12,5 kg). En revanche il est possible de s’offrir des monnaies cotées de valeurs diverses (Napoléon, Souverain, 20 dollar, 50 pesos…). Outre leur valeur « boursière », ces monnaies possèdent une véritable histoire, alliant ainsi économie et culture. Pour les amateurs de produits plus contemporains, les célèbres « bullion coins » (monnaies commercialisées à leur valeur métallique plus une très
fiable « prime ») sont suffisamment nombreuses pour varier les plaisirs : Panda chinois, Kangourou australien, Britannia britannique, Aigle américain, Feuille d’érable canadienne, Orchestre philharmonique autrichien…. Enfin on peut opter pour des mini lingots (à partir de 1 gramme) dont certains sont même décorés de gravures originales.
Bien sur, tout ceci n’a rien à voir avec les monnaies de collection anciennes, dont la valeur métallique n’a, le plus souvent, aucun rapport avec sa valeur réelle, liée plutôt à sa rareté et son état. Mais là, on entre dans un domaine non cartésien, plus émotionnel. Ce qui ne signifie pas qu’il ne puisse s’agir d’un investissement, mais dont ce n’est, en tous cas, pas la fonction initiale.