Fin 2016, cet immense pays avait surpris tout le monde lorsque son Premier Ministre, Narendra Modi, avait annoncé, le 8 novembre, la suppression surprise et immédiate des billets de 500 et 1000 roupies, qui devaient être tout aussi immédiatement remplacés par de nouvelles coupures de 500 et 2000 roupies. Cette précipitation a provoqué une pénurie de billets en Inde.
Pour ce faire, conscient de la panique monétaire que cela allait provoquer, l’Inde avait passé discrètement commande de très grandes quantités de papier-monnaie auprès de ses fournisseurs et destinées à la Banque Centrale en charge de l’impression des billets, la Bharatiya Reserve Bank Note Mudran PrivateLtd (BRBNMPL). L’effet attendu fut immédiat, les Indiens se ruèrent dans les banques pour obtenir ces nouvelles coupures dont l’approvisionnement fut très difficile.
Nouvelle surprise lorsque, en septembre dernier, dix mois à peine après cette décision, les autorités monétaires indiennes annulaient une commande de 27 000 tonnes de papier-monnaie. On dit même que, dès le mois d’avril 2017, la BRBNMPL aurait demandé à ses fournisseurs la destruction des stocks non encore livrés. Cette décision, selon nos informations, relèverait d’un choix politique du gouvernement indien. Elle vise, d’une part, à développer une fabrication nationale de ce papier, mais aussi à essayer de réduire l’utilisation du papier monnaie, qui favorise le marché noir et la corruption.
Ce qui met du coup ces fournisseurs en grande difficulté. Deux en particulier se trouvent fortement impactés. Tout d’abord la société Suisse Landqart, filiale du groupe canadien Fortress Paper, qui perdait ainsi 16 % de son carnet de commande 2017 et 30 % de 2018. Résultat, cette société a été revendue en décembre dernier pour partie à la Banque Nationale Suisse et pour l’autre au groupe, Suisse également, Orell Füssli.
Même effet pour la société française Arjowiggins Security, filiale du groupe Sequana, également en cours de cession. Les objectifs de ces décisions ne semblent pas du tout acquis. Tout d’abord les paiements dématérialisés restent très marginaux, 90 % des Indiens préférant ceux en espèces. D’autre part, plusieurs Etats indiens connaissent désormais une forte et durable pénurie de billets. Une sorte de bras de fer à suivre !