L’OR ALLEMAND A QUITTÉ PARIS
On croirait un message personnel de Radio Londres mais pourtant, c’est une réalité.
En toute discrétion, la Banque Fédérale Allemande a annoncé fin août 2017 avoir terminé le rapatriement de toutes ses réserves d’or encore stockées à Paris et d’une partie de celles se trouvant aux États-Unis. En fait, cette opération, qui s’est achevée en cette fin d’été, a démarré en 2013, lorsque 374 tonnes d’or, soit 11 % du total des réserves allemandes, ont quitté les entrepôts de la Banque de France à Paris, et 300 tonnes les réserves de la Réserve Fédérale à New York pour rejoindre les chambres fortes de la Bundesbank à Francfort.
L’opération est restée secrète, de telles masses d’or pouvant intéresser quelques gangsters de haut vol, et aura coûté 7,7 millions d’euros à la Banque allemande. Si bien que, aujourd’hui, 50 % des réserves d’or de la Bundesbank (soit 1 710 tonnes) sont à nouveau entreposées à Francfort. Le reste demeure stocké à New York pour 1 236 tonnes (36,6%) et à Londres pour 432 tonnes (12,8%). Avec 3 378 tonnes (soit plus de 270 000 barres de 12 kg), l’Allemagne détient la seconde plus importante réserve au monde après celle des États-Unis.
Aujourd’hui elle serait valorisée (au cours actuel du métal) à plus de 120 milliards d’euros. Pourtant, au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, le stock d’or allemand avait complètement disparu. Ce n’est qu’à partir de 1951 qu’il commence à se reconstituer, en particulier grâce aux excédents commerciaux vis-à-vis de la France, accumulés dans la période de « miracle économique allemand » des années 60. Et c’est ainsi que ces profits ont été convertis en or, stocké à la Banque de France.
Mais ce stockage des réserves métalliques allemandes dans des pays étrangers est aussi et surtout apparu au moment de la Guerre Froide. Craignant sans cesse une agression soviétique, la Bundesbank avait jugé plus prudent de conserver ses stocks à Londres, premier marché pour l’or, et New York, qui abrite la première devise mondiale. En cas de coup dur, il aurait été plus aisé de monétiser ce stock.