Les fiches pratiques donnent de précieux renseignements sur la monnaie, son histoire ses coutumes, ses pratiques et ses traditions… La culture numismatique est importante, elle va de pair avec la collection. Elle nous permet de pouvoir saisir toute la richesse et la profondeur de la numismatique. En ces mois d’été, nous remontons le temps, afin de nous projeter sous la Révolution Française (XVIIIe siècle), pour vous faire découvrir un pan méconnu de notre histoire numismatique commune : les monnaies en métal de cloche.
© Par François BLANCHET
14 Juillet 1789. Le peuple de Paris prend le Bastille. La Révolution Française est lancée et prend dès lors, un tour irréversible ; la chute de la Royauté est enclenchée. Quarante jours plus tôt, les Etats Généraux s‘étaient réunis à Versailles et avaient constaté, que les maux dont souffraient la France étaient profonds et solidement ancrés. En Août 1789, le pouvoir est transféré à l’Assemblée Nationale. Dès 1790, le manque de métal, et donc de petite monnaie se fait sentir, suite à l’inflation des assignats et au départ des métaux précieux vers l’étranger. Dès lors, tous les moyens sont imaginés pour trouver des systèmes permettant de frapper de nouvelles pièces, car la France comment à en manquer cruellement. En Juin 1790, pour tenter de résorber l’hémorragie, l’exportation des métaux précieux est interdite. Le 12 Décembre de la même année, le Comité des Monnaies se réunit avec le Comité des Finances, pour tenter de résoudre cette crise monétaire. Une idée est alors émise : puiser dans les cloches des monuments religieux qui seront confisquées, le cuivre dont on aura besoin pour fabriquer ces petites monnaies, qui auront une faible valeur. Le 10 Avril, une commission est créée par décret, chargée de surveiller la fabrication des ces pièces. Les monnaies en métal de cloche sont nées. Elles seront fabriquées à l’effigie du Roi Louis XVI, acec la nouvelle légende « Roi des Français » et non plus « Roi par la grâce de Dieu ». Dans les villes, puis dans les campagnes, les cloches des églises sont réquisitionnées, les prêtres ne devant garder que « l’indispensable », c’est-à-dire une seule cloche par église. La quête de cloche commence alors…
100 000 cloches fondues en 1792
En quelques mois, la pratique se généralise, comme le stipule pour Paris, l’article 1 du décret du 25 Juin 1791 : « les cloches des églises supprimées dans le département de Paris seront fondues ou coulées en monnaies, à raison de 24 pièces d’un sou à la livre, et de 48 demi-sous ». Même si le métal de cloche est cassant, la refonte fonctionne et de nombreuses monnaies sont fabriquées. En 1792, des ateliers monétaires temporaires et provisoires voient le jour (Dijon, Saumur, Besançon, Metz…). Ils ont pour but de marquer les monnaies en métal de cloche, du différent de l’Hôtel des Monnaies le plus proche. Le décret du 29 Janvier 1792 stipule : « les flans du métal de cloche fabriqués dans les villes de Besançon, Clermont-Ferrand, Arras, Dijon et Saumur y recevront sans déplacement, l’empreinte monétaire au coin des nouvelles empreintes ».Durant l’année 1792, 100 000 cloches sont fondues en France, et leur métal est utilisé pour la frappe des monnaies. A la fin du mois de février 1792, il a été fabriqué pour près de 6 millions de livres de monnaies en métal de cloche.
Lire « le métal de cloche par Pierre Delacour » ICI