par François Blanchet © Monnaie Magazine 2018
Au début de l’automne, les journaux de Belgique ont rapporté que le pays connaissait une forte pénurie de pièces de 1 et 2 centimes d’euro, mais qu’il n’était pas autorisé par le gouvernement, à en produire de nouvelles. Le porte-parole du Service Fédéral des Finances, Francis ADYNS, l’a annoncé de façon claire, et sans équivoque : « il est vrai qu’il y a une pénurie » a-t-il confirmé à nos confrères de la presse belge. Quid de l’avenir des deux petites pièces rouges en Belgique ? Enquête…
Les premiers signes de pénurie ont été remarqués en juillet, et depuis la rentrée de septembre, le phénomène s’est accru, les commerçants manquant de pièces à rendre en menue monnaie. Certains ont même apposé des affichettes dans leurs boutiques pour les réclamer auprès de leurs clients ! Selon Francis ADYNS, la pénurie pourrait être résorbée, mais « la Banque Centrale Européenne a décidé qu’aucune nouvelle pièce de un et de deux cents ne devait être frappée pour le moment, et nous devons l’accepter. L’Europe pense qu’il y a suffisamment de pièces disponibles ».
Pourtant, la pénurie menace depuis 2017, et l’an passé, le gouvernement avait pu mettre en circulation 60 millions de nouvelles pièces. Ce ne sera pas le cas cette année, ce qui fait éclater au grand jour ce manque criant de pièces de 1 et 2 centimes. Et même s’il y a une interdiction de la part des autorités européennes, on constate également chez nos voisins, que la production des pièces de 1 et 2 centimes de Belgique s’est tout simplement arrêtée, celles-ci coutant trop cher à la Banque Nationale, qui a décidé d’arrêter les frais. Avec plusieurs pays dont la Finlande, l’Irlande, l’Estonie et les Pays-Bas, la Belgique avait déjà annoncé, voici plusieurs années, ne plus vouloir utiliser les deux petites pièces rouges. Mais malheureusement pour le pays, la réalité rejoint les intentions dans un contexte de flou complet sur un sujet compliqué et anxiogène pour la population.
RETOUR DES PIÈCES À LA BANQUE ?
Beaucoup de pièces de 1 et 2 centimes circulent en Europe selon les autorités européennes. C’est ce qui fait que la Belgique n’est pas autorisée à en produire de nouvelles. Certes, c’est un fait. Mais on sait aussi que ces pièces sont celles qui disparaissent le plus. Etant donné leur petite taille et aussi leur faible valeur, elles se perdent facilement, restent dans les poches ou dans les portefeuilles, sont peu utilisées pour les paiements, viennent garnir les tirelires des enfants et sont aussi thésaurisées par la population. Ce qui explique que même si, sur le papier, on en dénombre des centaines de millions produites dans la zone euro, la réalité de leur présence sur le terrain est toute différente. Ces pièces ne circulent pas assez, et terminent le plus souvent leur vie, dans un tiroir. Leur retour sur le marché est donc très compromis. Et les autorités belges le savent…
Dans ce contexte compliqué, les responsables du pays ont malgré tout fait savoir, qu’elles cherchaient actuellement un moyen pour remettre en circulation toutes ces « monnaies dormantes ». Une des options du gouvernement belge, pourrait être d’organiser une campagne nationale qui inviterait tous les Belges à rapporter massivement leurs petits centimes rouges à la banque. Une grande campagne de publicité à travers tout le pays sur ce thème, pourrait engendrer un retour massif à la banque. Mais on sait également qu’aujourd’hui, les banques n’échangent plus ces pièces gratuitement. Seule la Banque Nationale belge réalise cette opération, mais avec une limite de 5 kilos par mois, ce qui pourrait compliquer le processus, car les autorités vont devoir obliger les banques à réaliser cette opération de façon gracieuse pour leurs clients, et à ne rien leur facturer, lorsqu’ils vont venir échanger leurs pièces rouges. Dans ce contexte, est-ce vraiment réalisable ?
VERS LA FIN DES 1 ET 2 CENTIMES ?
Le Ministre des Finances du pays, Kris PEETERS, a fait savoir de son côté, qu’en parallèle de cette réflexion, il travaillait aussi sur un projet de loi obligeant les commerçants à arrondir les prix aux 5 centimes les plus proches, mais qui ne s’appliquerait qu’aux paiements en espèces. L’objectif du Ministre des Finances est d’apporter « de la clarté pour le client et moins de pagaille avec les petits cents ». Et donc de supprimer de façon définitive les pièces de 1 et 2 centimes. Cette proposition pourrait être approuvée par Conseil des Ministres de Belgique et par le Parlement avant la fin de cette année 2018. La loi pourrait donc être adoptée dès le début de l’année 2019, apportant ainsi une réponse drastique à la pénurie de ces pièces.
Une loi avait déjà été adoptée par le pays en 2014, incitant les commerçants à arrondir leurs prix au 5 centimes supérieurs ou inférieurs, mais cette loi n’avait pas de caractère obligatoire. De plus, selon les organisations patronales, bon nombre de commerçants n’osent pas en faire usage de peur de la réaction des clients. Une obligation légale pourrait donc faciliter les choses.
Depuis le passage à l’Euro, la Belgique a produit 860 millions de pièces de 1 centime, et 770 millions de pièces de 2 centimes. Nous conseillons donc aux collectionneurs d’euros, de conserver les pièces de 1 et 2 centimes d’euros de Belgique, émises depuis le passage à la monnaie unique, si celles-ci sont dans des états de conservations Superbe ou Neuf. Les pièces dans des états de conservation inférieurs ne devraient pas prendre davantage de valeur dans les années à venir.